L'évolution du texte biblique français depuis son origine - XIXe siècle
De Lamentations de Jérémie.
Dans un ouvrage intitulé Jérusalem et la Terre Sainte (~1811), ont été réunis des textes d'auteurs différents dont celui de François-Auguste-René Chateaubriand (1768-1848) ayant pour titre Lamentations de Jérémie, et pour sous-titre Aspect de Jérusalem.
Il introduit son chapitre comme ceci : Arrêtons-nous d'abord à la grotte de Jérémie, près des sépulcres des rois. Cette grotte est assez vaste, et la voûte en est soutenue par un pilier de pierres. C'est là, dit-on, que le prophète fit entendre ses lamentations ; elles ont l'air d'avoir été composées à la vue de la moderne Jérusalem, tant elles peignent naturellement l'état de cette ville désolée :
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En 1820, c'est au tour de l'Abbé de Genoude (1792-1849), Antoine-Eugène Genou(d), de traduire à partir de la Vulgate, la Sainte Bible en 23 volumes#89.
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Samuel Cahen (1796-1862), hébraïsant français et journaliste, traduit la Bible juive en français, avec texte hébreu sur la page opposée, qu'il fait publier à Paris en 1831#90. Le texte en est le suivant :
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Entre mars 1831 à avril 1832, Auguste Marseille Barthélemy (1796-1867) et Joseph Méry (1798-1866) publièrent une séries de satires en vers dans l'hebdomadaire La Némésis, où ils attaquaient le gouvernement et les ministres de Louis-Philippe. C'est ainsi qu'on en octobre 1831 le poème intitulé Lamentations#91, prophétie politique, qui commence ainsi :
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L'Abbé Germain-Napoléon Venard, mûrissant en 1830 au petit séminaire de Saint-Chéron des opinions mennaisiennes, traduit et versifie en 1841 les Lamentations du prophète Jeremie#92 dans les termes ci-après :
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Les strophes qui composent ces Lamentations comprennent indifféremment 4, 5, 6, 8, 9 ou 10 vers de 8 ou 12 pieds. Toutes les variétés de rimes existent.
Cette même année, Pierre-Salvi-Félix de Cardonnel (1779-1829), homme politique, avocat, magistrat et conseiller à la Cour de Cassation, conjointement avec C. Debar, traduit littéralement sur la Vulgate en vers français le Livre des Psaumes, les cantiques et les Lamentations, livre publié à Toulouse#93. Les quintils, dans un idiome spiritualisé, délicat, chatouilleux, riche pour le langage de l'esprit, pauvre pour celui de l'imagination ou des idées sensibles, se composent de quatre alexandrins et d'un octosyllabe toujours placé en pénultième position.
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L'année suivante, en 1842, paraît chez Périsse à Lyon, une édition du Livre des Lamentations traduit par M.J.B.M.N#94. Cet illustre inconnu fait précéder sa traduction de l'avertissement suivant : je n'ai point voulu imiter, mais traduire… Si donc quelquefois je me suis servi de circonlocutions, et de mots dont les correspondants ne se trouvent pas dans le texte, c'est parce que j'ai été obligé de rendre par plusieurs expressions la valeur d'une seule, et parce que j'ai pensé que traduire n'est pas remplacer un mot par un autre mot, mais exposer, autant qu'il est possible, dans une langue connue le sens renfermé dans celle qui l'est moins.
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Ce XIXe siècle est riche de traductions puisque l'année suivante encore, donc en 1843, l'Abbé Jean-Jacques Bourassé (1813-1872) et le Père Pierre-Désiré Janvier (1817-1888) font paraître La Grande Bible de Tours avec des illustrations du célèbre Gustave Doré#95 avec le texte suivant :
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D'une manière générale, le lyrisme ne suffira pas à masquer les insuffisances de la traduction.
En 1847, H.-Auguste Perret-Gentil (1797-1865) traduit à son tour La Sainte Bible, Ancien & Nouveau Testament, version nouvelle approuvée par les pasteurs et les professeurs de l'Eglise de Genève#96. Le texte n'est pas très différent des précédents :
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Et, en 1847, celles de l'Abbé Hippolyte Deschamps#97 donnent ceci :
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Les vers sont regroupés en distique, quatrain, quintil, sizain ou neuvain, tous en hexasyllabe ou en alexandrin.
Cette même année, un Prophète plongé depuis quatre ans dans un cachot#98, voit l'Ange de la France pleurer sur Ninive, et lui adresser ce discours des hauteurs de Montmartre#99 :
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Les vers sont regroupés en nombre aléatoire avec des rimes tantôt plates tantôt croisées ou tantôt embrassées, le premier avec le quatrième par exemple. Dans l'exemple ci-dessus, le douzain se compose de quatre alexandrins, d'un heptasyllabe, de six alexandrins et d'un autre heptasyllabe. Les rimes des deux heptasyllabes sont embrassées et les autres sont plates, de deux en deux.
M. Mallet de Chilly fait publier à Orléans en 1854 Le Cantique des cantiques et les lamentations de Jérémie#100. L'amour passionné et la douleur la plus amère permettra au lecteur de juger en quel genre j'aurai le mieux réussi. Ces propos du traducteur sont suivis un peu plus loin dans la préface par cette remarque :
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Dans ses Lamentations sur l'année 1855, M. Soya, curé de Lahonce, rédige en prose un texte qui rappelle celui de Jérémie. Il fait suite à des épidémies qui ont eu lieu en France (choléra) en 1854 et aussi en Dordogne (typhoïde) l'année suivante. La publication a eu lieu à Bayonne chez P.-A. Cluzeau#101.
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C'est en 1857 que l'abbé J.F. Andrieux fait éditer un poème élégiaque sur les Lamentations de Jérémie (p. 304 et s.) dans un recueil ayant pour titre Chants bibliques (Tours, Impr. Ladevèze, 1858).
Après une introduction également versifiée, les deux premiers vers se présente comme suit :
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Comme on peut le voir, il s'agit d'une succession de quatrains comprenant de forme ABAB, alternant régulièrement des alexandrins et des octosyllabes.
Les Lamentations versifiées du Comte de Causans et de J.R.T. Cabaret-Dupaty#102 datent de 1859. Elles présentent la particularité de modifier ses formes suivant les leçons. Ainsi, si la leçon I du 1er jour préfère la forme de cinq huitains composés d'une alternance d'alexandrins et d'octosyllabes, les autres leçons adoptent respectivement les formes structurelles suivantes :
- la leçon II du 1er jour se compose de quatre strophes dont la 1ère est un quatrain, la seconde un sizain, le 3ème un huitain et le 4ème un dizain ;
- la leçon III du 1er jour comprend cinq huitains d'octosyllabes ;
- la leçon I du 2nd jour se structure en quatre huitains de décasyllabes ;
- la leçon II du 2nd jour se compose de quatre huitains alternant des vers heptasyllabiques et des vers pentasyllabiques ;
- la leçon III du 2nd jour regroupe huit huitains comprenant dans l'ordre cinq heptasyllabes, un hexasyllabe, un heptasyllabe et un hexasyllabe ;
- la leçon I du 3ème jour réunit cinq huitains alternant, comme la 2ème leçon du 2nd jour, des vers heptasyllabiques et des vers pentasyllabiques ;
- la leçon II du 3ème jour comprend sept quatrains alternant des alexandrins et des octosyllabes ;
- la leçon III du 3ème jour se compose de six huitains alternant cette fois-ci des octosyllabes et des hexasyllabes.
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Les rimes sont plus fréquemment des rimes croisées et, du fait de la richesse formelle de la 2ème leçon du 1er jour, quelquefois plates de type AABB, les vers rimant deux à deux, sauf pour le quatrain qui se distingue par des rimes embrassées de type ABBA.
Jules Pertus#103 tire des Lamentations en 1862 une poésie lyrique avec le texte suivant :
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Cette poésie est structurée différemment suivant les chapitres des lamentations. Ainsi, le Livre I qui correspond au chapitre I structure les vers en dizains comprenant dans l'ordre un décasyllabe, deux alexandrins, un décasyllabe, cinq alexandrins et encore un décasyllabe. Les rimes suivent toujours l'ordre suivant : ABBACCDEDE. Les Livres donnent respectivement les structures suivantes des strophes#104 :
strophe | structure interne | rime observée |
dizain | 1 D, 2 A, 1 D, 5 A, 1 D | ABBACCDEDE |
douzain | 4 A, 1 D, 2 A, 1 O, 4 A | ABABCDDCEFEF |
quatrain | 2 H, 2 A | ABAB |
douzain | 4 A, 1 D, 3 A, 1 D, 2 S, 1 A | ABABCDCDEFEF |
huitain | 1 H, 3 A, 1 H, 2 A, 1 O | ABABCDDC |
La réédition de la Bible de Jean-Frédéric Ostervald en 1863 modifie le texte précédemment établi par son auteur en le remettant au goût du XIXe. Il s'agit ici d'une édition à l'initiative de la Société biblique britannique et étrangère, sise à Bruxelles#105. Les notes sont du traducteur.
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Dans La Sainte Quarantaine#106, ouvrage édité en 1868, Napoléon-Maxime-Gabriel Latrouette, Docteur es Lettres, donne sa version des Lamentations en regard du texte latin. Il s'agit d'une version non versifiée.
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Cette même année, paraît une parodie intitulée Paris désert, lamentations d'un Jérémie haussmannisé#107. On y trouve à un moment une allusion aux lamentations de Jérémie par le passage suivant :
3. Babylone ! Babylone ! Tu es la ville superbe et tes ennemis eux-mêmes te proclament la reine du monde et tombent en admiration devant tes magnificences, tandis que tes propres fils se reposent fatigués sur les bornes de tes carrefours en se demandant où ils coucheront pendant la nuit. |
En 1870 paraît une réédition chez Uthenin Chalandre fils à Besançon#108. C'est Louis de Carrières (1662-1717)#109 qui en avait réalisé la traduction.
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La grande guerre de 1870 a apporté aussi son lot de parodies dramatiques compte tenu de la situation de la France à cette époque. C'est tout d'abord un abbé anonyme#110, l'Abbé Cl.-P.S., qui apporte en 1871 sa contribution (Éd. P. Lambert, Troyes) en préfaçant Les lamentations du Prophète Jérémie traduites en vers français et suivies de quelques chants religieux et patriotiques composés à l'occasion de la guerre de 1870-71 entre la France et l'Allemagne par les termes suivants :
Les circonstances malheureuses dans lesquelles nous avons fait et publions ce petit travail donnent sa raison d'être. La France était aux deux tiers envahie et occupée par l'ennemi. Paris, sa capitale, était environné d'un cercle infranchissable de canons, de mitrailleuses, d'épées, de fusils, de baïonnettes et d'hommes armés de toutes pièces, qui la tenaient enfermée dans son enceinte et séparée de toute la France. Les villes et les campagnes étaient ruinées par les exactions du vainqueur. La cessation du travail, du commerce, la disette, les mauvaises passions, les projets sinistres de certains hommes, les théories subversives de tout ordre et de tout droit, l'absence de tout gouvernement régulier, effrayaient autant les âmes honnêtes que les ennemis du dehors. Dans cet état, tous les cœurs vraiment français étaient accablés de tristesse et recherchaient naturellement tout ce qui était en harmonie avec cette disposition intime.[...] La peinture ou la description des souffrances du peuple juif dans ces terribles épreuves, est donc ce que l'on peut lire de plus touchant et de plus en rapport avec nos propres maux ? De là, la pensée de détacher de nos livres saints, et de publier isolément, les plaintes et les gémissements patriotiques de ce Prophète qui sut si bien, comme l'a dit Bossuet, égaler les lamentations aux douleurs. De là aussi la pensée de les traduire en vers français.[...] Que nos yeux, comme ceux du Prophète, soient éclairés de la lumière d'en haut. Voyons, comme lui, dans nos désastres et nos calamités, un châtiment du Dieu que la France a bien offensé. Comme lui, prions ce Dieu de nous pardonner nos fautes, et, comme lui encore, mettons notre espérance dans les bontés de ce même Dieu.
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Là également, pour rompre la monotonie, les vers sont structurés différemment suivant les chapitres des lamentations. Ils sont tous en alexandrins, en rimes plates, regroupés comme suit :
- chap. 1 : sizain, huitain et neuvain ;
- chap. 2 : sizain exclusivement ;
- chap. 3 : distique uniquement ;
- chap. 4 : quatrain seulement ;
- chap. 5 : distique, quatrain et sizain.
Charles Gounod (1818-1893), compositeur français, en a également fait une élégie en 1871 pour son œuvre Gallia (motet for soprano solo, choeur, orchestre et orgue composé pour l'ouverture de l'International Exhibition 1871). Il était alors à Londres, ayant quitté précipitamment Paris avant la guerre de 1870.
L'idée me vint de représenter la France telle qu'elle était, non pas seulement vaincue, écrasée, mais outragée, insultée, violée par l'insolence et la brutalité de son ennemi. Je me souvins de Jérusalem en ruines, des gémissements du prophète Jérémie, et sur les premiers versets des lamentations j'écrivis une élégie biblique que j'intitulai Gallia.
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La traduction française de la Bible Darby (John-Nelson Darby 1800-1882, à l'origine de la doctrine du dispensationalisme) de 1872, considérée comme l'une des traductions françaises les plus proches de l'original, en voulant respecter strictement le texte allant jusqu'à sacrifier l'élégance du style ou la clarté, restitue le texte suivant :
1. Comment est-elle assise solitaire, la ville si peuplée ! Celle qui était grande entre les nations est devenue comme veuve ; la princesse parmi les provinces est devenue tributaire. |
2. Elle pleure, elle pleure pendant la nuit, et ses larmes sont sur ses joues ; de tous ses amants, il n’en est pas un qui la console ; tous ses amis ont agi perfidement envers elle, ils sont pour elle des ennemis. |
Cette traduction a pour particularité d'être très littérale et respecte le texte avant tout, l'élégance du style ou la clarté de la traduction étant sacrifiée.
Au cours de cette même année, le Comte Edmond Lafond traduit en vers les Lamentations, chez Bray et Retaux à Paris#111. Le traducteur avertit le lecteur en ces termes :
A part même la musique de Palestrina et de Gounod, les Lamentations font une grande impression dans toutes les églises de la chrétienté, pendant la semaine sainte, parce qu'on les chante sur un mode plein d'une pénétrante mélancolie, que l'on croit remonter jusqu'à l'antiquité hébraïque. |
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Toujours cette même année 1872, paraît la traduction de la Sainte Bible par Pierre Giguet (1794-1883), universitaire, édition réalisée par Poussielgue à Paris#112.
Aleph. 1. Comment cette ville, jadis pleine de peuple, est-elle assise solitaire ? Elle est devenue comme une veuve celle qui avait grandi parmi les nations ; la reine des provinces est assujettie au tribut. |
Beth. 2. Elle pleure, elle a pleuré la nuit, et les larmes sont encore sur ses joues, et de tous ceux qui l'aimaient, il n'en est pas un qui la console ; ses amis l'ont méprisée, et sont devenus ses ennemis. |
Les Nouvelles poésies ou Les chants de la Consolation et de l'Espérance de P. Delpy, éditées à Périgueux en 1872, contiennent une ode sur les Lamentations sur les malheurs de la France mais dont aucun vers ne se réfère en particulier à un des versets du livre des Lamentations. C'est l'atmosphère générale qu'il faut sentir au travers de la lecture de cette ode.
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Ce poète avait déjà édité quelques années auparavant des Essais poétiques qui n'a[vaient] pas eu du retentissement dans toute la France, comme ceux de nos grands maîtres.
L'année suivante, en 1873, deux abbés, Jean-Baptiste Glaire (1798-1879), professeur d'hébreu à la Sorbonne, et Fulcran Vigouroux (1837-1915), sulpicien chargé du cours spécial d'écriture sainte au séminaire de Saint-Sulpice, mettent en œuvre la traduction de la Bible et la publie chez R. Roger et F. Chernoviz à Paris#113. Le texte en prose est le suivant :
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1874, c'est l'arrivée de la version française de l'Ancien Testament la plus répandue dans les milieux évangélique et protestant. Le but recherché par le pasteur suisse Louis Segond (1810-1885) est "exactitude, clarté, correction… ni littérale, ni libre. Cette Bible sera révisée à plusieurs reprises (1975, 1978, 2002).
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Désiré Cadilhac de Madières (1819-1867) écrit les paroles d'une mélodie mise en musique par Edmond Membrée (1820-1882) en 1876, paroles qui s'inspirent des Lamentations de Jérémie :
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Il s'agit exclusivement de quatrains comprenant 3 alexandrins et un sizain avec des rimes croisées.
L'Abbé Charles Trochon, docteur en théologie, rédige à partir de la Vulgate une traduction de la Bible et la fait éditer en 1878 à Paris chez P. Lethielleux .
ALEPH 1. Comment la ville pleine de peuple est-elle assise solitaire ? Elle est devenue comme veuve ; la maîtresse des nations, la reine des provinces est devenue tributaire. |
Beth 2. Elle a pleuré sans cesse pendant la nuit, et ses larmes tombent sur ses joues. Il n'y a personne qui la console, de tous ceux qui lui étaient chers ; tous ses amis l'ont méprisée et sont devenus ses ennemis. |
En 1879, Edouard Guillaume Eugène Reuss (1804–1891), professeur à l'université de Strasbourg, membre du courant libéral de l'Église luthérienne, enrichit sa traduction de la richesse biblique allemande, pour obtenir en français et en vers les Lamentations qui paraissent au Tome 8 des 16 que comprend sa Bible . Il apporte les précisions suivantes :
La versification est très-régulière partout, sans être toujours arrangée d'après le même système. Les quatre morceaux se composent de vers longs, plus longs que nous ne les rencontrons communément dans la poésie lyrique des Hébreux. Chacun de ces vers a une césure au milieu, et forme ainsi deux hémistiches, que nous avons préféré écrire en deux lignes séparées. Dans les trois premières élégies, trois de ces vers longs, ou six hémistiches, forment une strophe. Dans la quatrième, la strophe ne se compose que de deux vers, ou de quatre hémistiches. Chaque strophe commence par une autre lettre de l'alphabet, de sorte que le nombre en est chaque fois de vingt-deux…
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En 1881, l'Abbé Antoine Arnaud (1827-1920), curé doyen d'Ollioules, apporte sa contribution avec une nouvelle traduction approuvée par Mgr l'Evêque de Fréjus et Toulon. La Bible est publiée chez P. Lethielleux à Paris#119. Les notes sont du traducteur.
ALEPH I.#120 Comment est-elle assise solitaire, la cité pleine de peuple ? Elle est devenue comme veuve, cette maîtresse des nations ; la reine des provinces a été assujettie au tribut. |
BETH 2.#121 Elle a pleuré amèrement pendant la nuit, et ses larmes coulent sur ses joues : de tous ceux qui lui étaient chers, il n'en est pas un qui la console ; tous ses amis l'ont méprisée, et sont devenus ses ennemis. |
La Bible d'Olivétan (1535), qui devint la Bible de Genève en 1560, se perpétue par les révisions de J. F. Ostervald. Le texte présenté ici est une mise à jour en 1996 de l'édition de 1886 d'une révision de la Bible d'Ostervald publiée pour la 1ère fois en 1744. Il s'agit d'un texte en prose.
Aleph. Comment est-elle assise solitaire, la ville si peuplée ! Celle qui était grande entre les nations est semblable à une veuve ; la princesse des provinces est devenue tributaire ! |
Beth. Elle pleure durant la nuit, et les larmes couvrent ses joues ; de tous ceux qu'elle aimait aucun ne la console ; tous ses amis ont agi perfidement contre elle, ils sont devenus ses ennemis. |
C'est en 1887 que Paul Lafargue (1842-1911), socialiste français, inspiré notamment par Proudhon, et surtout par Karl Marx, s'inspire des Lamentations de Jérémie pour écrire les Lamentations de Rothschild, le Capitaliste. En voici, les premières lignes :
Capital, mon Dieu et mon maître, pourquoi m'as-tu abandonné ? Quelle faute ai-je donc commise pour que tu me précipites des hauteurs de la propriété et m'écrases du poids de la dur pauvreté ?... |
Mes concurrents se réjouissent de ma ruine et mes amis se détournent de moi ; ils me refusent jusqu'aux conseils inutiles, jusqu'aux reproches ; ils m'ignorent. Mes maîtresses m'éclaboussent avec les voitures achetées de mon argent. |
Eugène Ledrain (1844-1910), professeur, orientaliste et écrivain français, fait publier sa Bible rationaliste en dix volumes chez Alphonse Lemerre à Paris en 1889#122.
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Le texte tiré des Offices de la Quinzaine de Pâques#123, en 1887, est le suivant :
Comment cette Ville, autrefois si peuplée, est-elle maintenant déserte ? la maîtresse des nations est comme une veuve désolée : celle qui commandait à tant de provinces est devenue tributaire. |
Elle pleure toute la nuit, et ses joues sont baignées de larmes ; de tous ceux qu'elle aimait, pas un ne se présente pour la consoler ; tous ses amis la méprisent, et se sont faits ses ennemis. |
Cette traduction est suivie en 1888 par celle#124 de l'Abbé Louis-Claude Fillion ou Fillon (1843-1927), prêtre philosophe de l'église catholique, qui présente le texte des deux premiers versets comme suit :
ALEPH 1. Comment#125 est-elle assise#126 solitaire, cette ville pleine#127 de peuple ? Elle est devenue comme veuve#128, la maîtresse des nations#129 ; la souveraine des provinces est devenue tributaire#130. | BETH 2. Elle n'a pas cessé de pleurer#131 pendant la nuit#132, et ses larmes#133 coulent sur ses joues ; il n'y a personne qui la console#134 parmi tous ceux qui lui étaient chers#135 ; tous ses amis l'ont méprisée et sont devenus ses ennemis#136. |
Les notes sont du traducteur. Il s'agit d'une révision de la version de Sacy mais Fillion se tient aux texte de la Vulgate en adoptant un langage clair et sobre.
La thèse présentée par P. Mayniel en 1894 à Montauban en vue d'obtenir le grade de bachelier en théologie abordait le sujet du Livre des Lamentations#137. L'auteur critique avantageusement le livre des Lamentations mais propose à la fin de son ouvrage sa propre traduction. Les notes sont également du traducteur.
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Henri-Michel-Alfred Rieu de Montvaillant, poète, fait paraître chez Fischbacher à Paris en 1898, un recueil de Poèmes bibliques dans lequel figure en vers les Lamentations de Jérémie#140.
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Les strophes contiennent un nombre variable de vers en alexandrin sans qu'il y ait une signification particulière. Lorsque celles-ci sont d'un nombre impair (quintil, septain et neuvain), les rimes sont croisées ou embrassées avec la strophe suivante.
89. Paris, F-Pn, A-5819, Tome IV, pp. 219 et s.
90. La Bible : Torah, Nevihim, Ketouvim, [Méguilot], F-Pn, 8-A-4703 (1).
91. Némésis, nouvelle edition, Barthélemy, Garnier Frères, libraries-éditeurs, Paris, 1870, p.228 et s.
92. Dreux, Imprimerie de J.-B. Alquier, 254, rue Parisis. Mars 1841, F-Pn, YE 53664.
93. F-Pn, A-8343.
94. F-Pn, A-9397, pp. 1 et s.
95. F-Pn, 4-A-718 (2), pp. 246 et s.
96. F-Pn, A-13932, pp. 1139 et s.
97. Traduction en vers des Lamentations de Jérémie [...] Vous les briserez comme le vase du potier. Psalmiste. Dieppe Imprimerie d'Emile Delevoye, rue Duquesne, 3. 1847. (F-Pn, YE-20057)
98. Voir, sur ce prisonnier, l'ouvrage intitulé : Les Prisons d'un Prophète actuel, Paris, chez Doyen, Palais-Royal ; chez Nivert… et chez les principaux libraires des départements.
99. s'agit sans doute de Charvoz, Alexandre (pseud. La Parraz, Abbé).
100. F-Pn, A-10089, pp. 82 et s.
101. F-Pn, 8-LB56-286, pp. 18 et s.
102. Semaine sainte a l'usage de Rome ; traduction nouvelle en prose et en vers français, Par T. C.-D., avec le texte latin, accompagnée d'un grand nombre de pièces détachées du paroissien romain en vers français, Par le Comte de Causans et T. C.-D. Pau, Imprimerie de E. Vignancour.
103. Les pleurs de Sion ou Lamentations du prophéte Jérémie. Poésies lyriques. Par Jules Pertus. / Chalon S. S., Imprimerie de Montalan, Rrue Fructidor. 1862, F-Pn, YE-29859.
104. D = décasyllabe, A = alexandrin, O = octosyllabe, H = hexasyllabe.
105. F-Pn, A-22010, pp. 510 et s.
106. La Sainte Quarantaine, office romain complet à l'usage des fidèles pour tous les jours du carême, du temps de la passion, de la Semaine sainte et de l'octave de Pâques, précédé des psaumes des heures canoniales du dimanche et des vêpres de chaque jour, des psaumes de la pénitence, etc. Traduction nouvelle (Propriété) avec le texte en regard par N. M. G. Latrouette… Librairie catholique & classique de Périsse Frères, Paris, Bruxelles, 1868.
107. Impr. de Towne, Paris, 1868, pp. 4 et s, F-Pn, MFICHE 8-LK7-14331.
108. Toutes les notes sont en latin.
109. F-Pn, NUMM-27887, T.5, pp. 824 et s.
110. Les lamentations du prophète Jérémie. Traduites en vers français et suivies de quelques chants religieux et patriotiques Composés à l'occasion de la guerre de 1870-71 entre la France et l'Allemagne par l'abbé CL.-P. S., De la Société Académique de l'Aube. [citations voir ci-dessous] / Troyes Librairie de P. Lambert, 24, rue Champeaux, 24. 1871, F-Pn, A-5364.
111. F-Pn, 8-LK7-16034, pp. 330 et s.
112. F-Pn, A-13491, pp. 307 et s.
113. Tex F-Pn, édition 1917, Vol. V, A-23159, pp. 436 et s.te
114. Note des traducteurs : Le 1er verset donne le ton de tout le morceau. La pensée qui frappe l'esprit du prophète, c'est la solitude dans laquelle il se trouve. La princesse, la maîtresse des nations, est maintenant assise solitaire, comme la Judæa capta qu'on voit plus tard sur les médailles romaines (voir la figure ci-contre). Ses enfants lui ont été enlevés et elle est plongée dans la plus profonde misère.
115. Ed. Paris, 1877, F-Pn, A-14519, pp. 1327 et s.
116. 20 mélodies de Edmond Membrée, Au Ménestrel, Paris, 1876. Les Lamentations de Jérémie. Scène chantée par Mme Iweins d'Hennin. À Charles Henri Valentin Morhange dit Alkan
117. F-Pn, A-14610, pp. 345 et s.
118. F-Pn, A-14393 (8), pp. 423 et s.
119. F-Pn, A-14807, pp. 393 et s.
120. Ndt. Cette ville jadis si peuplée, aujourd'hui déserte, assise, comme une personne en deuil ; veuve de son roi, de ses prêtres, et de son Dieu qu'elle appelait son époux ; celle qui commandait à tant de provinces, à l'Idumée, à la Syrie, est elle-même tributaire.
121. Ndt. Les peuples voisins, ses alliés, l'ont abandonnée lâchement.
122. F-Pn, A-20304, T. V, pp. 437 et s.
123. Offices de la Quinzaine de Pâques à l'usage de Rome entièrement refondus. D'après les éditions les plus récentes du Bréviaire et du Missel romains, augmentés de l'exercice du Chemin de la Croix. Traduction nouvelle (Propriété). Approuvé par Monseigneur l'Archevêque de Tours. Tours. Alfred Mame et Fils, Editeurs. 1887.
124. Sainte Bible commentée, Paris, 1898, http://www.jesusmarie.com/bible_fillion.html
125. Quomodo : exclamation de douloureux étonnement. Nous la retrouverons en tête de la seconde et de la quatrième élégie. Cf. II, 1 ; IV, 1.
126. Sedet : a terre, profondément humiliée, comme l'avait prédit Isaïe, III, 26.
127. Trois antithèses saisissantes mettent en relief l'étendue de sa misère et de sa honte. Sola et plena populo : ses habitants, naguère si nombreux, ont été fauchés par la mort, ou déportés au loin par l'ennemi.
128. Vidua : une pauvre femme sans appui, sans protection.
129. Domina gentium : ou comme dit l'hébreu, grande parmi les nations, c'est-à-dire une des plus grandes villes du monde.
13. Sub tributo : réduite à une servitude ignominieuse, elle qui avait été princeps provinciarum, la suzeraine des nations voisines.
131. Plorans ploravit : répétition à la façon hébraïque, pour accentuer la pensée : elle a versé des larmes abondantes. Comp. le vers. 16, etc.
132. In nocte : le temps où les âmes affligées sont plus à l'aise pour donner un libre cours à leur tristesse.
133. Lacrymae… in maxillis est un trait pittoresque et pathétique.
134. Non est qui consoletur : voilà bien encore le plus entier abandon.
135. 'Les mots ex omnibus charis… et omnes amici… désignent ceux des peuples d'alentour qui avaient témoigné de l'affection à Sion aux jours de sa prospérité, plus particulièrement l'Egypte.
136. Facti… inimici : non contents de la délaisser, ils se tournent cruellement contre elle au temps de son malheur.
137. 'F-Pn, D2-15858, pp. 105 et s.
138. Ndt. Sic Rosenmuller, Gerlach, Schneedorfer, etc. – Reuss : "elle est réduite en servage." – Sans se prononcer nettement en faveur de la racine masas [Kimchi, Vitringa (sur Is.XXXI, 8), Studer (sur Jug. I, 28)], Gerlach adopte, contre Böttcher (rac. hamas) et Gesenius (contr. pour macas) le sens de corvée pour le mot mas (cf. Gen. XLIX, 15 ; I Rois IX, 21) ; corvée à laquelle auraient été soumis ceux dont il est parlé dans II Rois XXV, 12 ; Jér. XXXIX, 10. Nous admettons le sens mais non l'explication, la première Lamentation étant pour nous antérieure à la seconde déportation (V. supra, p. 21).