Joseph Reveyron

De Lamentations de Jérémie.

(Lyon 1917 – Lyon 2005)

Compositeur et organiste français, il étudie en 1934 l'orgue, l'harmonie, le contrepoint et la composition avec Édouard Commette (ancien disciple de Valentin Neuville et de Charles-Marie Widor), titulaire des orgues de la Primatiale de Lyon, occupe en 1934 les orgues de Notre-Dame de la Mulatière, enseigne la musique en 1940-41 au pensionnat de Notre-Dame de Bellegarde à Neuville-sur-Saône, travaille ensuite à l'usine familiale, commence à composer en 1941, après la guerre, partage ses activités de concertiste entre Lyon et Lausanne, devient en 1954 suppléant de son maître Édouard Commette, co-titulaire en 1960 puis lui succède en 1967 aux orgues de la Primatiale de Lyon, donne de nombreux récitals en France et à l'étranger.

Il écrit de nombreuse mélodies profanes et religieuses dont l'une, dédiée à la cantatrice Lucienne Devallier, appelée Matines du Samedi Saint pour vx grave et orgue (1953, CH-LAcu) s'inspire des Lamentations de Jérémie. Elles traduisent un long appel à la conversion. Le texte adapté des trois parties est le suivant :

1. Prière d'un homme accablé
Quatre accords soulignent la déclamation des versets (reprise des v. 3:22 à 30).
C'est grâce aux miséricordes du Seigneur que nous ne sommes pas anéantis ; sa compassion est sans bornes.
Ses bontés se renouvellent chaque matin : Oh ! que votre fidélité est grande.
Le Seigneur est mon partage, a dit mon âme ; c'est pourquoi je veux espérer en lui.
Le Seigneur est bon pour qui espère en lui, pour l'âme qui le cherche.
Il est bon d'attendre en silence le salut de Dieu.
Il est bon pour l'homme de porter le joug dès sa jeunesse.
Si le Seigneur le lui impose, qu'il s'asseye à l'écart, silencieux.
Qu'il mette sa bouche dans la poussière, sans perdre toute espérance.
Qu'il tende la joue à celui qui le frappe et se rassasie d'opprobres.
Jérusalem, Jérusalem, reviens au Seigneur ton Dieu.
2. Désarroi de l'homme qui ne comprend pas sa déchéance
Duo chant et orgue en guirlandes de triolets puis sur Jérusalem, accords ponctués par une quarte descendante (reprise des v. 4:1 à 6).
Comment l'or s'est-il terni ? Comment son merveilleux éclat s'est-il altéré ? Comment les pierres du sanctuaire sont-elles dispersées aux coins de toutes les rues ?
Comment les nobres fils de Sion, couverts de l'or le plus pur, sont-ils traités comme des vases de terre, ouvrage des mains du potier ?
Les chacals eux-mêmes présentent la mamelle et allaitent leurs petits ; mais la fille de mon peuple est aussi cruelle que l'autruche du désert.
La langue du nourrisson s'attache à son palais, desséchée par la soif ; les petits enfants demendent du pain et il n'y a personne pour leur en donner.
Ceux qui se nourrissaient de mets délicats périssent dans les rues ; ceux qui étaient élevés dans la pourpre embrassent les fumiers.
C'est que l'iniquité de la fille de mon peuple est plus grande que le péché de Sodome, qui fut renversée en un moment, sans que personne ait porté la main contre elle.
Jérusalem, Jérusalem, reviens au Seigneur ton Dieu.
3. Demande au Seigneur de se souvenir de son peuple opprimé
Longs accords avec modes originaux, mélismes incantatoires et harmonies très libres (reprise des v. 5:1 à 10).
Souviens-toi, Seigneur, de ce qui nous est arrivé ; regarde et vois notre opprobre !
Notre héritage est passé à des étrangers, nos maisons à des inconnus.
Nous sommes des orphelins, sans père ; nos mères sont comme des veuves.
Nos pères ont péché, ils ne sont plus ; et c'est nous qui avons porté la peine de leurs iniquités.
Des esclaves dominent sur nous, et personne ne nous délivre de leurs mains.
Nous cherchons notre pain au péril de notre vie, devant le glaive du désert.
Notre peau est brûlante comme un four, par l'ardeur de la faim.
Jérusalem, Jérusalem, reviens au Seigneur ton Dieu.

La prière récitée, ici chantée, rend compte de l'austérité du temps de Carême. Les modes utilisés plongent les lamentations du prophète dans une lumière à la fois intense et étrange, renforcée encore par des gestes de caractère rituel et incantatoire. Le compositeur fait allusion aux acrostiches par une introduction des versets à l'orgue.



Titre : Chante Lucienne
Interprète : Joseph Reveyron, Lucienne Duvallier
Éditeur : VDE-Gallo
Référence : 33t / 30 223 (1-2)
Année : 1982
Contenu : Matines du Samedi Saint pour vx grave et orgue


Interprète : Joseph Reveyron, Philippe Huttenlocher, Ensemble vocal et instrumental de Lyon
Direction : Guy Cornut
Éditeur : REM
Référence : 10 971 / 311315 XCD
Année : 1985 / 1997
Contenu : Matines du Samedi Saint pour vx grave et orgue

Outils personnels