Ernst Krenek
De Lamentations de Jérémie.
(Vienne 1900 – Palm Springs, Californie 1991)
Compositeur américain d'origine autrichienne, il étudie à 16 ans la composition à l'Akademie für Musik de Vienne avec Franz Schreker, travaille de 1920 à 23 à la Musikhochschule de Berlin, assiste entre 1925 et 27 Paul Bekker aux opéras de Kassel et de Wiesbaden, le succès de son opéra Jonny spielt auf représenté à Leipzig en 1927 lui permet de mener une vie indépendante et confortable jusqu'en 1937 à Vienne et de faire partie du cercle musical comprenant Alban Berg, Anton von Webern et Karl Kraus, se lie avec Ferruccio Benvenuto Busoni, Hermann Scherchen et Arthur Schnabel, accepte d'être un correspondant du Frankfurter Zeitung, adopte en 1933 la méthode dodécaphoniste de composition, émigre aux Etats-Unis en 1937, se convertit au catholicisme lors de l'Anschluss en 1938, enseigne au collège Vassar de 1939 à 42, devient doyen de l'école des Beaux-Arts de l'université Hamline à Saint Paul, dans le Minnesota entre 1942 et 1947, obtient la nationalité américaine en 1945, s'installe à Palm Springs en Californie, se consacre à la composition, aux conférences en Europe et à la direction de ses propres œuvres.
Il écrit en hiver 1941-42 une œuvre intitulée Lamentatio Jeremiae Prophetae secundum Breviarum Sacrosanctae Ecclesiae Romanae (op.93) pour ch a cappella. Cette œuvre s'appuie sur des techniques sérielles appliquées à celles du Moyen Âge tardif (les barres de mesure sont même supprimées). A partir d'une série dodécaphonique composée de deux parties de six sons chacun, il a tiré cinq formules hexaphoniques auxquelles il applique un procédé de "rotation", créateur d'une nouvelle série, comparable à l'organisation médiévale primitive des échelles modales. Il y a dans l'austère rigueur de cette démarche et de cette musique, comme dans le choix du texte biblique, je ne sais quelle réponse au désespoir et à la solitude de Krenek, en 1942 ; il y a là, aussi, une beauté sans fard, dépouillée, comme on en trouve sous les voûtes des églises romanes les plus reculées, là où rien ne nous distrait, ne s'interpose entre l'homme et Dieu (La musique contemporaine, Richard Millet).La lamentation contient sept canons : 1 de deux vx, 2 de trois, 3 de quatre et un de six. Les invocations du Jérusalem qui clôturent chaque leçon, se voient augmentée d'une vx à chaque leçon : ainsi le 1er Jérusalem est à l'unisson, le 2nd à deux vx, le 3ème à trois vx, ainsi de suite jusqu'au dernier qui est à neuf vx.
Son œuvre reprend les textes suivants :
- In coena Domini :
- Incipit lamentatio Jeremiae Prophetae,
- v. 1:1 à 1:5, Jerusalem,
- v. 1:6 à 1:9, Jerusalem,
- v. 1:10 à 1:14, Jerusalem ;
- In Parasceve :
- De lamentatione Jeremiae Prophetae,
- v. 2:8 à 2:11, Jerusalem,
- v. 2:12 à 2:15, Jerusalem,
- v. 3:1 à 3:9, Jerusalem ;
- In Sabbato Sancto :
- De lamentatione Jeremiae Prophetae
- v. 3:22 à 3:30, Jerusalem,
- v. 4:1 à 4:6, Jerusalem,
- Incipit oratio Jeremiae Prophetae,
- v. 5:1 à 5:11, Jerusalem.
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