Les compositeurs

De Lamentations de Jérémie.

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La propagation des compositions sur les Lamentations s'est opérée par la présence ou non d'un compositeur, d'un maître de chapelle, d'un organiste, de musiciens, d'une maîtrise capitulaire ou de chantres. C'est d'ailleurs la combinaison de plusieurs de ces éléments qui ont permis des compositions plus ou moins complexes ou élaborées. Et dans le cas des cérémonies de la Semaine Sainte, très souvent le maître de chapelle devient un ''impresario'' à la recherche d'éléments surnuméraires pour compléter ses effectifs. L'''imprésariat'' est très fréquent pour cette période liturgique de l'année car la Semaine Sainte et Pâques sont alors célébrées en grande pompe, question de prestige.
La propagation des compositions sur les Lamentations s'est opérée par la présence ou non d'un compositeur, d'un maître de chapelle, d'un organiste, de musiciens, d'une maîtrise capitulaire ou de chantres. C'est d'ailleurs la combinaison de plusieurs de ces éléments qui ont permis des compositions plus ou moins complexes ou élaborées. Et dans le cas des cérémonies de la Semaine Sainte, très souvent le maître de chapelle devient un ''impresario'' à la recherche d'éléments surnuméraires pour compléter ses effectifs. L'''imprésariat'' est très fréquent pour cette période liturgique de l'année car la Semaine Sainte et Pâques sont alors célébrées en grande pompe, question de prestige.
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Ce qui fait les différences entre ces trois grands pays c'est le cahier des charges imposées à la maîtrise capitulaire et à ceux qui la dirigent. Par exemple à la cathédrale de ''León'', les obligations du maître de chapelle seront d'être présent et de toujours diriger la chapelle sans manquer à aucune des solennités de chant avec accompagnement d'orgue, de composer pour l'église tout ce qui est nécessaire et plus spécialement chaque année une nouvelle messe pour le jour de la Sainte Patronne, les vêpres que lui signalerait tous les ans le chapitre, les ''villancicos'' de Noël et de la Fête-Dieu et les ''lamentations'' de la Semaine Sainte, recevoir et remettre les papiers sur lesquels se trouvent les morceaux composés, venir tous les matins donner des leçons de musique aux collé-giens de San José et enseigner aux ministres de l'église qui iraient chez lui . Il a donc une obliga-tion de composition (et de résultat) qu'on ne retrouve pas, en règle générale, en France.
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Ce qui fait les différences entre ces trois grands pays c'est le ''cahier des charges'' imposées à la maîtrise capitulaire et à ceux qui la dirigent. Par exemple à la cathédrale de León, les obligations du maître de chapelle ''seront d'être présent et de toujours diriger la chapelle sans manquer à aucune des solennités de chant avec accompagnement d'orgue, de composer pour l'église tout ce qui est nécessaire et plus spécialement chaque année une nouvelle messe pour le jour de la Sainte Patronne, les vêpres que lui signalerait tous les ans le chapitre, les ''villancicos'' de Noël et de la Fête-Dieu et les ''lamentations de la Semaine Sainte'', recevoir et remettre les papiers sur lesquels se trouvent les morceaux composés, venir tous les matins donner des leçons de musique aux collégiens de San José et enseigner aux ministres de l'église qui iraient chez lui'' . Il a donc une obligation de composition (et de résultat) qu'on ne retrouve pas, en règle générale, en France.
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En Italie, on retrouve un peu le courant espagnol pour une grande partie du pays en partageant des contraintes assez fortes. L'échange (ou la migration) de musiciens entre Italie et Espagne a tou-jours été assez important et continu, bien plus qu'entre la France et ces deux pays voisins. Mais très rapidement, aux Lamentations ont succédé les oratorios sacrés, phénomène qu'on ne retrouve pas en Espagne.
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En France, rien de tout cela. Tout semble attaché à la Cour et aux dispositions royales. La forte concentration du pouvoir (déjà à cette époque) nuit à toutes initiatives qui pourraient se révéler fructueuses pour les diocèses (ce fut le cas de Charpentier). Bien que le chœur soit strictement or-ganisé avec ses chanoines prébendés ou non, son doyen, son préchantre ou primicier, son chantre, son archichantre, son précenteur, son capiscol, son sous-chantre, son maître de chapelle, de musi-que ou de chœur, son organiste, réunis dans le haut-chœur, avec ses bénéficiers, ses prêtres non prébendés, prêtres d'honneur ou prêtres habilités (ou habitués) mais trop gyrovaques, ses enfants de chœur, réunis dans le bas-chœur, peu de place est donnée à la musique ou plus exactement à la création musicale.
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En Italie, on retrouve un peu le ''courant'' espagnol pour une grande partie du pays en partageant des contraintes assez fortes. L'échange (ou la migration) de musiciens entre Italie et Espagne a toujours été assez important et continu, bien plus qu'entre la France et ces deux pays voisins. Mais très rapidement, aux ''Lamentations'' ont succédé les ''oratorios sacrés'', phénomène qu'on ne retrouve pas en Espagne.
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En France, rien de tout cela. Tout semble attaché à la Cour et aux ''dispositions royales''. La forte concentration du pouvoir (déjà à cette époque) nuit à toutes initiatives qui pourraient se révéler fructueuses pour les diocèses (ce fut le cas de Charpentier). Bien que le chœur soit strictement organisé avec ses chanoines prébendés ou non, son doyen, son préchantre ou primicier, son chantre, son archichantre, son précenteur, son capiscol, son sous-chantre, son maître de chapelle, de musique ou de chœur, son organiste, réunis dans le ''haut-chœur'', avec ses bénéficiers, ses prêtres non prébendés, prêtres d'honneur ou prêtres habilités (ou habitués) mais trop gyrovaques, ses enfants de chœur, réunis dans le bas-chœur, peu de place est donnée à la musique ou plus exactement à la création musicale.
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C'est pour toutes ces raisons qu'on trouve une distance très importante entre la France, l'Espagne et l'Italie.
C'est pour toutes ces raisons qu'on trouve une distance très importante entre la France, l'Espagne et l'Italie.
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Les compositeurs français recensés  représentent toutes les tendances musicales depuis l'époque du plain-chant jusqu'au grands courants musicaux du XXe siècle : polytonalité, atonalité, dodécapho-nisme, sérialisme, microtonalité, ultrachromatisme, minimalisme, etc. Certaines œuvres oubliées dans les bibliothèques et archives, voire dans les cartons des compositeurs, mériteraient d'être ré-vélées au public. Qui connaît au moins l'une des 73 lamentaciones d'Antonio Ugèna, célèbre com-positeur espagnol de la seconde moitié du XVIIIe siècle.
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Même en France, on préfère s'assurer une certaine notoriété – et succès commercial - en enregis-trant pour la énième fois les lamentations de Marc-Antoine Charpentier - XVIIe (23 enregistre-ments pour 32 des 37 Lamentations qu'il a composées) ou de François Couperin - XVIIe-XVIIIe (51 enregistrements pour 3 Lamentations). Quelques autres en ont réchappé, avec peu d'enregis-trements, comme Nicolas Bernier (XVIIe-XVIIIe), Elzéar Genet-Carpentras (XVe-XVIe), Loyset Compère (XVe-XVIe),  Michel Corrette (XVIIIe), Guillaume Dufay (XVe), Arnaud Dumond et Thierry Escaich (XXe), Antoine de Févin (XVe-XVIe), Jean Gilles (XVIIe), Jean-Baptiste Gouffet (XVIIe-XVIIIe), Jachet de Mantoue (XVe-XVIe), Pierre de La Rue (XVe-XVIe), Michel Lambert (XVIIe), Michel-Richard De Lalande (XVIIe-XVIIIe), Marcel Landowski (XXe), Joseph Michel (XVIIe-XVIIIe), Robert Pascal (XXe), François Regnard (XVIe-XVIIe), Joseph Reveyron (XXe), Léonce de Saint-Martin (XIXe-XXe) et Claudin de Sermisy (XVe-XVIe).
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Les compositeurs français recensés  représentent toutes les tendances musicales depuis l'époque du plain-chant jusqu'au grands courants musicaux du XX<sup>e</sup> siècle : polytonalité, atonalité, dodécaphonisme, sérialisme, microtonalité, ultrachromatisme, minimalisme, etc. Certaines œuvres oubliées dans les bibliothèques et archives, voire dans les cartons des compositeurs, mériteraient d'être révélées au public. Qui connaît au moins l'une des 73 ''lamentaciones'' d'Antonio Ugèna, célèbre compositeur espagnol de la seconde moitié du XVIII<sup>e</sup> siècle.
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Même en France, on préfère s'assurer une certaine notoriété – et succès commercial - en enregistrant pour la énième fois les lamentations de Marc-Antoine Charpentier - XVII<sup>e</sup> (23 enregistrements pour 32 des 37 Lamentations qu'il a composées) ou de François Couperin - XVII<sup>e</sup>-XVIII<sup>e</sup> (51 enregistrements pour 3 Lamentations). Quelques autres en ont réchappé, avec peu d'enregistrements, comme Nicolas Bernier (XVII<sup>e</sup>-XVIII<sup>e</sup>), Elzéar Genet-Carpentras (XV<sup>e</sup>-XVI<sup>e</sup>), Loyset Compère (XV<sup>e</sup>-XVI<sup>e</sup>),  Michel Corrette (XVIII<sup>e</sup>), Guillaume Dufay (XV<sup>e</sup>), Arnaud Dumond et Thierry Escaich (XX<sup>e</sup>), Antoine de Févin (XV<sup>e</sup>-XVI<sup>e</sup>), Jean Gilles (XVII<sup>e</sup>), Jean-Baptiste Gouffet (XVII<sup>e</sup>-XVIII<sup>e</sup>), Jachet de Mantoue (XV<sup>e</sup>-XVI<sup>e</sup>), Pierre de La Rue (XV<sup>e</sup>-XVI<sup>e</sup>), Michel Lambert (XVII<sup>e</sup>), Michel-Richard De Lalande (XVII<sup>e</sup>-XVIII<sup>e</sup>), Marcel Landowski (XX<sup>e</sup>), Joseph Michel (XVII<sup>e</sup>-XVIII<sup>e</sup>), Robert Pascal (XX<sup>e</sup>), François Regnard (XVI<sup>e</sup>-XVII<sup>e</sup>), Joseph Reveyron (XX<sup>e</sup>), Léonce de Saint-Martin (XIX<sup>e</sup>-XX<sup>e</sup>) et Claudin de Sermisy (XV<sup>e</sup>-XVI<sup>e</sup>).
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Puisque l'Espagne et l'Italie redécouvrent leurs compositeurs, pourquoi n'en serait-il pas de même en France ? La Révolution française n'a peut-être pas tout détruit. Il reste sans aucun doute quel-ques œuvres inédites dans les cathédrales et les archives d'où qu'elles soient.
Puisque l'Espagne et l'Italie redécouvrent leurs compositeurs, pourquoi n'en serait-il pas de même en France ? La Révolution française n'a peut-être pas tout détruit. Il reste sans aucun doute quel-ques œuvres inédites dans les cathédrales et les archives d'où qu'elles soient.
Les compositeurs français, quel que soit le niveau de qualité de leur production musicale, sont des témoins de leur époque. C'est à nous de les rendre vivants. Qui pourrait citer plus de 5 composi-teurs français, outre ceux déjà cités ci-dessus, ayant produit une œuvre sur le thème des Lamenta-tions de Jérémie ? Guillaume Bouzignac (XVIIe) ! Sébastien de Brossard (XVII-XVIIIe) ! Antoine Brumel (XV-XVIe) ! Louis-Nicolas Clérambault (XVIIe-XVIIIe) ! Guillaume-Gabriel Nivers (XVIIe-XVIIIe) ! Dominique Phinot (XVIe) ! Ils ont d'ailleurs été pour la plupart enregis-trés.  
Les compositeurs français, quel que soit le niveau de qualité de leur production musicale, sont des témoins de leur époque. C'est à nous de les rendre vivants. Qui pourrait citer plus de 5 composi-teurs français, outre ceux déjà cités ci-dessus, ayant produit une œuvre sur le thème des Lamenta-tions de Jérémie ? Guillaume Bouzignac (XVIIe) ! Sébastien de Brossard (XVII-XVIIIe) ! Antoine Brumel (XV-XVIe) ! Louis-Nicolas Clérambault (XVIIe-XVIIIe) ! Guillaume-Gabriel Nivers (XVIIe-XVIIIe) ! Dominique Phinot (XVIe) ! Ils ont d'ailleurs été pour la plupart enregis-trés.  

Version du 9 mai 2010 à 10:51

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