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De Lamentations de Jérémie.
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Les compositeurs
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La répartition cartographique des compositeurs ayant œuvré sur les textes des Lamentations de Jérémie n'apportent pas de révélations imprévues. Les pays latins détiennent une large majorité avec 85 % de compositeurs suivis par 11 % de compositeurs anglo-saxons. Le reste est situé dans les pays de l'Est (voir la cartographie ci-après). En Europe, l'Espagne se détache nettement avec 455 compositeurs (45 %), l'Italie, en seconde po-sition, arrivant très loin avec 191 compositeurs (19 %). La France occupe une honnête 3ème place avec 84 compositeurs (8 %) et précède les 54 compositeurs portugais (5 %). Citons également les 29 compositeurs anglais, les 28 compositeurs allemands et les 27 compositeurs belges. Il a fallu procéder à des arbitraires pour attacher un compositeur à un pays. Comment affecter un compositeur chilien de religion juive qui immigre en Israël ? Ou un compositeur qui fuit le régime politique de son pays ? Ou un compositeur franco-flamand ? Il y a donc beaucoup d'approxima-tions dans le classement qui est proposé d'autant que le découpage géographique des pays euro-péens a subi quelques retouches parfois profondes au cours des siècles. Nous pensons toutefois que la formation initiale reçue par un compositeur l'attache à son pays d'origine même si cette formation est complétée ensuite par des aspirations ou influences étrangè-res. Après tout, les musiciens franco-flamands de la Renaissance qui ont fait leur carrière en Espa-gne ou en Italie n'ont jamais renié leurs origines, ni d'ailleurs le Russe Igor Stravinsky qui a émigré en France puis finalement aux Etats-Unis pour y faire carrière. Il est normal que les pays latins détiennent la quasi-majorité des compositeurs nommés. Les La-mentations de Jérémie ont très tôt été chantées dans le cadre de la religion juive puis catholique et ensuite par les religions dissidantes, tout cela dans un cadre européen. Ces lamentations, tout d'abord chantées en plain-chant, ont suivi tous les développements poly-phoniques dans le cadre des cathédrales, églises cathédrales, collégiales, églises, chapelles, ab-bayes, couvents, séminaires, etc. avec le concours des maîtrises et chapelles avec, bien entendu, tous les aléas structurels, organisationnels, historiques, politiques, temporels, coutumiers ou reli-gieux qui accompagnent généralement le déploiement d'un tel rite. C'est ainsi qu'à l'échelle de trois pays proches (tout au moins géographiquement) comme l'Espa-gne, la France et l'Italie, on y trouve déjà de réelles différences. Alors au niveau mondial. Et puis, pour réaliser des analyses, il faut encore que les archives soient encore présentes. Combien de compositeurs disparus ! Combien d'archives détruites ! Catastrophes naturelles (incendies, tremblements de terre, etc.), destructions volontaires (guerres, révolutions, autodestruction du compositeur, etc.) et dispersion géographique (héritage, donation, etc.) éclaircissent les rangs des manuscrits et des éditions et ne facilitent pas le travail de recherche, de recoupement ou de recons-titution. Il faut compter aussi avec la terrible sélection réalisée du vivant du compositeur lorsqu'il procédait à des donations, ventes, récupérations de papier/parchemin voire destruction pure et simple. Il n'y avait pas de droit d'auteur jusqu'en 1791, reconnaissance qui s'est d'abord opérée en France après 14 années de lutte sous l'impulsion de Beaumarchais. Jusqu'à cette date, ce sont donc les institu-tions religieuses qui disposaient des compositions qui étaient destinées au culte, habitude qui a perduré longtemps par la suite. La propagation des compositions sur les Lamentations s'est opérée par la présence ou non d'un compositeur, d'un maître de chapelle, d'un organiste, de musiciens, d'une maîtrise capitulaire ou de chantres. C'est d'ailleurs la combinaison de plusieurs de ces éléments qui ont permis des composi-tions plus ou moins complexes ou élaborées. Et dans le cas des cérémonies de la Semaine Sainte, très souvent le maître de chapelle devient un impresario à la recherche d'éléments surnuméraires pour compléter ses effectifs. L'imprésariat est très fréquent pour cette période liturgique de l'année car la Semaine Sainte et Pâques sont alors célébrées en grande pompe, question de prestige. Ce qui fait les différences entre ces trois grands pays c'est le cahier des charges imposées à la maî-trise capitulaire et à ceux qui la dirigent. Par exemple à la cathédrale de León, les obligations du maître de chapelle seront d'être présent et de toujours diriger la chapelle sans manquer à aucune des solennités de chant avec accompagnement d'orgue, de composer pour l'église tout ce qui est nécessaire et plus spécialement chaque année une nouvelle messe pour le jour de la Sainte Pa-tronne, les vêpres que lui signalerait tous les ans le chapitre, les villancicos de Noël et de la Fête-Dieu et les lamentations de la Semaine Sainte, recevoir et remettre les papiers sur lesquels se trouvent les morceaux composés, venir tous les matins donner des leçons de musique aux collé-giens de San José et enseigner aux ministres de l'église qui iraient chez lui . Il a donc une obliga-tion de composition (et de résultat) qu'on ne retrouve pas, en règle générale, en France. En Italie, on retrouve un peu le courant espagnol pour une grande partie du pays en partageant des contraintes assez fortes. L'échange (ou la migration) de musiciens entre Italie et Espagne a tou-jours été assez important et continu, bien plus qu'entre la France et ces deux pays voisins. Mais très rapidement, aux Lamentations ont succédé les oratorios sacrés, phénomène qu'on ne retrouve pas en Espagne. En France, rien de tout cela. Tout semble attaché à la Cour et aux dispositions royales. La forte concentration du pouvoir (déjà à cette époque) nuit à toutes initiatives qui pourraient se révéler fructueuses pour les diocèses (ce fut le cas de Charpentier). Bien que le chœur soit strictement or-ganisé avec ses chanoines prébendés ou non, son doyen, son préchantre ou primicier, son chantre, son archichantre, son précenteur, son capiscol, son sous-chantre, son maître de chapelle, de musi-que ou de chœur, son organiste, réunis dans le haut-chœur, avec ses bénéficiers, ses prêtres non prébendés, prêtres d'honneur ou prêtres habilités (ou habitués) mais trop gyrovaques, ses enfants de chœur, réunis dans le bas-chœur, peu de place est donnée à la musique ou plus exactement à la création musicale. C'est pour toutes ces raisons qu'on trouve une distance très importante entre la France, l'Espagne et l'Italie. Les compositeurs français recensés représentent toutes les tendances musicales depuis l'époque du plain-chant jusqu'au grands courants musicaux du XXe siècle : polytonalité, atonalité, dodécapho-nisme, sérialisme, microtonalité, ultrachromatisme, minimalisme, etc. Certaines œuvres oubliées dans les bibliothèques et archives, voire dans les cartons des compositeurs, mériteraient d'être ré-vélées au public. Qui connaît au moins l'une des 73 lamentaciones d'Antonio Ugèna, célèbre com-positeur espagnol de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Même en France, on préfère s'assurer une certaine notoriété – et succès commercial - en enregis-trant pour la énième fois les lamentations de Marc-Antoine Charpentier - XVIIe (23 enregistre-ments pour 32 des 37 Lamentations qu'il a composées) ou de François Couperin - XVIIe-XVIIIe (51 enregistrements pour 3 Lamentations). Quelques autres en ont réchappé, avec peu d'enregis-trements, comme Nicolas Bernier (XVIIe-XVIIIe), Elzéar Genet-Carpentras (XVe-XVIe), Loyset Compère (XVe-XVIe), Michel Corrette (XVIIIe), Guillaume Dufay (XVe), Arnaud Dumond et Thierry Escaich (XXe), Antoine de Févin (XVe-XVIe), Jean Gilles (XVIIe), Jean-Baptiste Gouffet (XVIIe-XVIIIe), Jachet de Mantoue (XVe-XVIe), Pierre de La Rue (XVe-XVIe), Michel Lambert (XVIIe), Michel-Richard De Lalande (XVIIe-XVIIIe), Marcel Landowski (XXe), Joseph Michel (XVIIe-XVIIIe), Robert Pascal (XXe), François Regnard (XVIe-XVIIe), Joseph Reveyron (XXe), Léonce de Saint-Martin (XIXe-XXe) et Claudin de Sermisy (XVe-XVIe). Puisque l'Espagne et l'Italie redécouvrent leurs compositeurs, pourquoi n'en serait-il pas de même en France ? La Révolution française n'a peut-être pas tout détruit. Il reste sans aucun doute quel-ques œuvres inédites dans les cathédrales et les archives d'où qu'elles soient. Les compositeurs français, quel que soit le niveau de qualité de leur production musicale, sont des témoins de leur époque. C'est à nous de les rendre vivants. Qui pourrait citer plus de 5 composi-teurs français, outre ceux déjà cités ci-dessus, ayant produit une œuvre sur le thème des Lamenta-tions de Jérémie ? Guillaume Bouzignac (XVIIe) ! Sébastien de Brossard (XVII-XVIIIe) ! Antoine Brumel (XV-XVIe) ! Louis-Nicolas Clérambault (XVIIe-XVIIIe) ! Guillaume-Gabriel Nivers (XVIIe-XVIIIe) ! Dominique Phinot (XVIe) ! Ils ont d'ailleurs été pour la plupart enregis-trés. Mais connaît-on véritablement Léon Algazi (XXe), Antheaume dit l'aîné (XVIIIe), Laurent Belis-sen (XVIIIe), Charles-Henri de Blainville (XVIIIe), Boudon (XVIIIe), Anthoine Busnois (XVe), Pierre Cadéac (XVIe), Calvet (XVIIe-XVIIIe), Jacques Chailley (XXe), François Chaperon (XVIIe), Paul Cneude (XXe), François Cosset (XVIIe), Guillaume Costeley (XVIe), Louis-Claude Daquin (XVIIIe), Georges Delerue (XXe), Hugues de Fontenay (XVIe-XVIIe), Jean-Baptiste Geoffroy (XVIIe), Charles Gounod (XIXe), Félix-Alexandre Guilmant (XIXe-XXe), Henri Har-douin (XVIIIe), Abbé Haudimont (XVIIIe), Maistre Jhan (XVe-XVIe), Bernard Jumentier (XVIIIe-XIXe), Marquis de La Courpian (XVIIIe), Adrien de La Fage (XIXe), François de La Feillée (XVIIIe), Michel De Lalande (XVIIIe), Jean-François Lalouette (XVIIe-XVIIIe), Vincent Lejay (XVIIIe-XIXe), Jacques Lejeune (XXe), Didier Lupi Second (XVIe), Michel Lysight (XXe), Jean Maillard (XVIe), Jacques Mauduit (XVIe-XVIIe), Edmond Membrée (XIXe), Fran-cesco Milleville (XVIe-XVIIe), Samuel Naumbourg (XIXe), Théodore Nisard (XIXe), Robert Pascal (XXe), Perdigal (XVIIe), Louis-Luc Loiseau de Persuis (XVIIIe-XIXe), Dominique Phi-not (XVIe), A. Rambert (XIXe), Jean-Ferry Rebel (XVIIe-XVIIIe), Manuel Rosenthal (XXe), François Royer (XVIIe-XVIIIe), Dane Rudhyar (XXe), Sœur Saint-Arsène (XVIIIe), Robert Sio-han (XXe), André Venture (XVIIIe-XIXe), Philippe Verdelot (XVe-XVIe) et Alexandre de Ville-neuve (XVIIe-XVIIIe) ? A quand la découverte ou la révélation du répertoire français !
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