Marc-Antoine Charpentier

De Lamentations de J�r�mie.

Version actuelle en date du 10 octobre 2018 à 12:48

(Paris 1643 – Paris 1704)

Compositeur français, il part en Italie vers l'âge de quinze ans, fréquente le Collegium Germanicum, devient l'élève de Giacomo Carissimi pendant trois ans (contrepoint, polyphonie, dialogue à 2 chœurs, le style et la forme des histoires sacrées), de retour à Paris, fréquente les milieux italianisants qui se rencontraient à Saint-André-des-Arts chez l’abbé Mathieu, collabore avec Molière qui s'est séparé de Lully jusqu'en 1685 au Théâtre-Français, le Grand Dauphin l'engage en 1679 pour composer des messes pour sa chapelle de Saint-Germain, occupe aussi le poste de maître de la musique de la duchesse de Guise, est nommé en 1684 chez les jésuites de Saint-Paul-Saint-Louis, remplace en 1698 François Chaperon à la Sainte-Chapelle comme l'indique le registre de la Sainte-Chapelle du Palais  : Ce jour Monsieur le Tresorier a dit à la Compagnie qu'estant bien informé des bonnes vie, moeurs et capacité de Me Marc Antoine Charpentier, natif du diocèse de Paris, il l'avoit choisi et nommé pour remplir la place de maistre de musique des enfans vacante par la mort de François Chaperon ; que Monsieur l'abbé de Neuchelles estant en tour de presenter un clerc ordinaire pour servir à l'eglise sous sa prebende, il lui avoit presenté led. Charpentier. Que quoy qu'il fût bien persuadé qu'il compose et possède la musique en perfection, il l'avoit néantmoins envoyé à Monsieur le Chantre conformément aux fondations et à l'usage de la Sainte Chapelle, pour l'examiner ; lequel l'ayant trouvé capable, il l'alloit recevoir clerc avant la grande messe. Qu'il luy fera prester le serment ordinaire dans la sacristie en présence de mond. sieur abbé de Neuchelles et de ceux qui s'y trouveront. Et ensuite qu'il lui assignera la place au choeur qu'occupait led. deffunct qui est la dernière aux hauts stales du costé droict. Ce qui a esté faict et exécuté comme il est dit cy-dessus (Arch. Nat. LL 609, fol. 59 v°).

Il occupe ce poste jusqu'à sa mort en 1704. Ce jour, Monsr le Trésorier a assemblé extraordinairement la compagnie chez luy après Vespres au sujet du décès de Marc Antoine Charpentier, maître de musique de la Sainte-Chapelle, lequel est mort ce matin sur les sept heures. Elle a arresté de l'enterrer demain après Vespres, de chanter en presence du corps les Vespres des morts et les Matines à neuf leçons et après demain après les matines et laudes du jour les laudes des morts et avant la messe du jour une messe haute des morts à laquelle M. Gobert, Chantre, officiera (Arch. Nat. LL 610, f. 41 r°).

Surnommé le phénix de France par ses contemporains, son écriture musicale est sans égale, son style est plus riche, plus divers, plus subtil, plus substantiel ; son langage harmonique est beaucoup plus poussé, plus raffiné, plus coloré ; son esthétique est d’une essence plus rare et a de plus nobles ambitions, des visées d’une plus haute spiritualité (R. Bernard).

Il laisse 31 Leçons des Ténèbres, composées pour moitié entre 1670 et 73 et pour l'autre entre 1687 et 93, vendues à la bibliothèque royale qui les a reliées de la manière dont elles lui sont parvenues en 28 gros volumes de "Mélanges autographes" (F-Pn Rés. Vm1 259), réparties dans cinq volumes (I, IV, V XXIII et XXV), qui se composent :

Les Leçons, référencées par H. W. Hitchcock (Les œuvres de M.-A. Charpentier. Catal. raisonné, Paris, Picard, 1982), sont écrites dans le style du petit motet à la française mais il y règne une gravité en rapport avec le texte caractéristique des Lamentations de Jérémie, la mélodie reposant fréquemment sur le Tonus lamentationum. Le Mercure Galant rapporte : Nous avons eu aussi une très belle musique à Paris pendant les mêmes jours [de ténèbres] et l'on a couru en foule à la Sainte-Chapelle et à l'Abbaye-aux-Bois. Ce qu'on entendit à la Sainte-Chapelle était de MM. Chaperon, Lalande et Lalouette ; et à l'Abbaye-aux-Bois de M. Charpentier.

Il a dit un jour : Allez en Italie, c'est la véritable source. Cependant, je ne désespère pas que quelque jour les Italiens ne viennent apprendre chez nous ; mais je n'y serai plus. (Dictionnaire de Fontenay).

Il a également composé 9 Répons pour la Semaine sainte parmi lesquels on trouve un O vos omnes (H. 134) tiré du v. 1:12 des Lamentations de Jérémie écrit pour le Second Répons après la seconde leçon du second nocturne du vendredi saint. Il n'a pas cherché à composer un cycle complet et les 9 Répons ont été écrits pour des effectifs variés et ont été adaptés au contexte de chacun d'eux présentant ainsi une petite scène autonome. O vos omnes est écrit dans une mesure inhabituelle de 3/1 avec une attention particulière et développement vocal expressif sur le mot dolor, et une progression harmonique avec une note de passage (do dièse) pour le moins audacieux pour le passage si est dolor.