Les autres rites

De Lamentations de Jérémie.

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Les diacres et les servants se répartissent le service et les chants car tous les textes sont chantés en français y compris ceux des lamentations. C'est une particularité des cérémonies orthodoxes.
Les diacres et les servants se répartissent le service et les chants car tous les textes sont chantés en français y compris ceux des lamentations. C'est une particularité des cérémonies orthodoxes.
   
   
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'''<big>Nocturnes du Jeudi Saint</big>'''
La cérémonie des Nocturnes est enchaînée sans interruption après le Sacrement de l'Onction lors de la messe des Présanctifiés en fin de journée du Mercredi Saint.
La cérémonie des Nocturnes est enchaînée sans interruption après le Sacrement de l'Onction lors de la messe des Présanctifiés en fin de journée du Mercredi Saint.
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'''Jeudi Saint'''
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1er Nocturne (anticipé au mercredi soir)
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Antienne : Les rois de la terre se soulèvent (Astiterunt reges terrae)   
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Répons bref : Qu'ils soient rejetés en arrière (Avertantur retrorsum)   
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1ère lecture des Lamentations du Prophète Jérémie avec reprise des versets 1:1 à 5, 1:8 à 12 et 1:14, psalmodiée en français par un lecteur tandis qu'un préchantre chante les acrostiches.
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Extrait du lectionnaire de la paroisse Saint-Irénée.  
Extrait du lectionnaire de la paroisse Saint-Irénée.  

Version du 10 juillet 2010 à 16:48

On a peu l'habitude de voir réunis dans un même ouvrage, les rites des quatre grandes religions chrétiennes. Pourtant, chacune d'elle célèbre à sa façon le rite pascal soit parce qu'il est ancré dans les traditions ancestrales (juif), soit parce qu'il est issu de la Passion du Christ pour les trois autres religions (catholique, protestant et orthodoxe).

1. Les rites orthodoxes

Les Églises de tradition orientale peuvent se répartir en deux grands groupes :

  • celles qui se sont laissées transformer par la culture dominante byzantine en y intégrant leurs propres valeurs spécifiques et celles qui se sont ralliées aux églises catholico-romaines (Église maronite),
  • celles qui, au contraire, n'ont pas voulu subir cette transformation et que l'on nomme encore aujourd'hui Églises orthodoxes orientales.

Ces églises réparties sur l'ensemble du territoire européen ont été constituées par les émigrants orthodoxes chassés par la révolution russe, par les Grecs d'Asie mineure en 1922, par la mainmise communiste sur les Balkans après la Seconde guerre mondiale ou par les crises du Moyen-Orient.

Bien intégrés dans la population européenne, rien ne les distingue plus des occidentaux de souche. Seuls, les rites les différencient de ceux catholiques et protestants que l'on a l'habitude de voir.

A la différence des rites catholiques codifiés par Rome, les orthodoxes comme les protestants et les juifs n'ont pas de rites cérémonials uniques.

Pour apprécier la variété des religions se réclamant de l'orthodoxie, rappelons en quelques mots ce que sont ces églises qu'Irénée-Henri Dalmais, dans son article sur les Églises chrétiennes orientales , propose de classer comme suit :

  • Églises orientales anciennes d'origine araméenne ou syriaque (Assyro-Chaldéen, Syro-Antiochien, Église maronite) et Église copte et éthiopienne ;
  • Églises orthodoxes Melkites-Géorgie (anciens patriarcats melkites et patriarcat de Géorgie), patriarcat de Constantinople et Églises orthodoxes autocéphales (Églises slaves, roumaines et grecques).

C'est dans le Triode de Carême qu'est consigné l'ensemble des offices bizantino-slaves préparatoires à la fête de Pâques, depuis les dimanches de pré-carême jusqu'à la Semaine Sainte incluse.

Au Canada, il n'y aurait pas d'office byzantin de la Semaine Sainte basé sur les Lamentations de Jérémie. Cependant, il semble que le Monastère des Myrophores à Otego aux USA célèbre ou célébrerait un tel office, puisque la Mère supérieure était d'origine catholique.

En France, un comité interépiscopal présidé par le représentant de Constantinople regroupe les juridictions grecque, russe, roumaine, serbe et antiochienne (Arabes chrétiens).

Compte tenu de la diversité historique des cultures et des langues, il serait illusoire de décrire l'ensemble des rites pratiqués. Toutefois, le rite des Nocturnes de la Semaine Sainte de la Paroisse Saint-Irénée à Paris est pris en exemple. Il représente un rite d'origine catholico-romain.

La Semaine Sainte débute le Samedi précédant les Rameaux pour s'achever le dimanche de Pâques. Les Nocturnes sont anticipés la veille au soir pour faciliter la participation de la communauté.

Les diacres et les servants se répartissent le service et les chants car tous les textes sont chantés en français y compris ceux des lamentations. C'est une particularité des cérémonies orthodoxes.

Nocturnes du Jeudi Saint

La cérémonie des Nocturnes est enchaînée sans interruption après le Sacrement de l'Onction lors de la messe des Présanctifiés en fin de journée du Mercredi Saint.

Un chandelier à 15 branches est installé au centre de la nef. Les cierges sont allumés tandis que toutes les autres lumières de l'église sont éteintes à l'exception de la veilleuse du Christ. Le Président est en chape et étole, les autres prêtres portant seulement l'étole.

La cérémonie adopte l'ordre suivant (tous les textes sont chantés ou psalmodiés en français)  :

Jeudi Saint

1er Nocturne (anticipé au mercredi soir)
Antienne : Les rois de la terre se soulèvent (Astiterunt reges terrae)
Psaume 2 avec reprise en alternance des Versets de l'Antienne.
Deux servantes éteignent chacune de leur côté un cierge.
Répons bref : Qu'ils soient rejetés en arrière (Avertantur retrorsum)
1ère lecture des Lamentations du Prophète Jérémie avec reprise des versets 1:1 à 5, 1:8 à 12 et 1:14, psalmodiée en français par un lecteur tandis qu'un préchantre chante les acrostiches.

Extrait du lectionnaire de la paroisse Saint-Irénée. Composition de Maxime Kovalevsky. 2003. Les tons sont empruntés au Tonus lamentationum. Le récit des lamentations s'achève par le Jérusalem chanté par le psalmiste et les fidèles.

Extrait du lectionnaire de la paroisse Saint-Irénée. Ibid. Deux cierges sont éteints. Répons long psalmodié très lentement par 2 préchantres : Venez, mettons du bois dans son pain (Venite, mittamus lignum in panem ejus) , et repris par les fidèles un peu plus rapidement ; Verset psalmodié lentement : J'étais comme un innocent agneau (Eram quasi agnus innocens) Reprise du Répons Verset : Oui, tous mes ennemis (Omnes inimici mei) Reprise du Répons Deux cierges sont éteints. 2ème Nocturne (enchaîné sans interruption) Antienne : Je veux faire Ta volonté Psaume 40 (psalmodié assez rapidement sur le ton 8 avec reprise en alternance de l'Antienne précédant) Deux cierges sont éteints. Répons bref : Mon Dieu, arrache-moi (Deus meus eripe me) Lecture de l'Homélie de saint Jean Chrysostome Deux cierges sont éteints. Répons long psalmodié très lentement par 2 préchantres : Il eut été meilleur (Bonum erat ei) , repris par les fidèles Verset : L'un de mes disciples (Unus ex Discipulis meis) Reprise du Répons Verset : Mon ami m'a livré (Amicus meus osculi me) . Reprise du Répons Verset : Il avait une richesse inestimable (Judas mercator pessimus) . Reprise du Répons Deux cierges sont éteints. 3ème Nocturne (enchaîné sans interruption) Antienne : Ils se rassemblent contre la vie du juste (Captabunt in animam justi) Psaume 94 (psalmodié sur le ton 4) Reprise de l'Antienne Deux cierges sont éteints. Répons bref : Lève-toi, Seigneur (Exurge Domine) Lecture de l'Évangile Deux cierges sont éteints. Le dernier cierge figurant en haut du candélabre reste la seule lumière dans l'église. Il représente le Christ toujours vivant. Le Président l'apporte derrière l'autel. Toutes les lumières sont éteintes sauf le chœur qui éteint ses cierges à la fin du Répons ci-après. Répons du 8ème ton slave de Kiev psalmodié par une canonarque (femme) en alternance avec le chœur : Seigneur, la femme tombée dans la multitude des péchés... L'église se trouve alors dans l'obscurité. Un silence prolongé fait suite. Verset : Le Christ S'est fait pour nous (Christus factus est) . Le prêtre et les fidèles répètent 40 fois ensemble : Seigneur, aie pitié ! Un grand bruit de tonnerre est produit (par l'agitation d'une grande feuille de métal) dans l'église. Il traduit le désarroi de l'univers. Le silence s'installe de nouveau dans l'obscurité. Alors, le cierge réapparaît et, après une invocation du prêtre, est replacé en haut du candélabre. Quelques instants après, les fidèles se retirent de l'église dans le silence.

Vendredi Saint La cérémonie se déroule après la Sainte Cène et les Vêpres en fin de journée le jeudi. Elle répond à un rite identique à celui de la veille. Le chandelier à 15 branches est réinstallé au centre de la nef. 1er Nocturne (anticipé au Jeudi soir) Antienne : Ils ont percé mes mains... Psaume 22 psalmodié sur le ton 8 Reprise de l'Antienne Répons bref : Ils se partagent mes vêtements (Diviserunt sibi vestimenta mea) 1ère lecture des Lamentations du Prophète Jérémie avec reprise des versets 2:8 à 15, psalmodiée en français par un lecteur tandis qu'un préchantre chante les acrostiches. Le récit des lamentations s'achève par le Jérusalem chanté par le psalmiste et les fidèles. Deux cierges sont éteints. Répons long psalmodié avec un rythme régulier sur le ton 2 : Celui Qui est revêtu de lumière..., et repris par les fidèles un peu plus rapidement 2ème Nocturne (enchaîné sans interruption) Antienne : Le zèle de Ta maison (Zelus domus tuae) Psaume 69 sur le ton 8 (en alternance avec l'Antienne précédente) Répons bref : Des témoins iniques (Insurrexerunt in me) Lecture non chantée : Homélie de saint Augustin, évêque d'Hippone Deux cierges sont éteints. Répons long chanté lentement par 2 préchantres : Aujourd'hui, Tu opères le Salut..., repris plus rapidement par les fidèles. Verset : Cloué sur la croix... Reprise du Répons 3ème Nocturne (enchaîné sans interruption) Antienne : Ta fureur s'appesantit sur moi... Psaume 88 sur le ton 2 (en alternance avec l'Antienne précédente) Répons bref : Ils ont parlé contre Moi (Cogitaverunt impii) Lecture du 8ème Évangile Deux cierges sont éteints. Répons : O vous qui passez par le chemin (O vos omnes) Lecture du 9ème Évangile Deux cierges sont éteints. Répons : Ils m'ont enlevé mon vêtement... Lecture du 10ème Évangile Deux cierges sont éteints. Répons (doux et lent) : Voyant son Agneau traîné... Lecture du 11ème Évangile Deux cierges sont éteints. Répons (vigoureux et rapide) : La crainte et le tremblement tombèrent... Verset : Les pierres se fendirent de douleur (Petrae scissae sunt) . Lecture du 12ème Évangile Deux cierges sont éteints. Toutes les lumières sont éteintes sauf le chœur qui éteint ses cierges à la fin du Répons ci-après. Le Président apporte le dernier cierge encore allumé du candélabre derrière l'autel. L'église se trouve alors dans l'obscurité. Un silence prolongé fait suite. Verset : Le Christ S'est fait pour nous (Christus factus est) . Le prêtre et les fidèles répètent 40 fois ensemble : Seigneur, aie pitié ! Comme le jour précédant, un grand bruit de tonnerre est produit par l'agitation d'une grande feuille de métal. Le silence s'installe de nouveau dans l'obscurité. Alors, le cierge réapparaît et, après une invocation du prêtre, est remis en haut du candélabre. Quelques instants après, les fidèles se retirent de l'église dans le silence.

Samedi Saint La cérémonie se déroule après les Vêpres en fin de journée le vendredi. Elle répond à un rite identique à celui de la veille. Le chandelier à 15 branches est réinstallé au centre de la nef et un tombeau à proximité. 1er Nocturne (anticipé au Vendredi soir) Antienne : Je me couche et je m'endors en paix (In pace in idipsum) . Psaume 4 psalmodié sur le ton 8, reprise de l'Antienne. Deux cierges sont éteints. Répons bref : Je ne crains aucun mal... Verset : Quand je marche dans la vallée... Lecture des lamentations de Jérémie le prophète : utilisation des versets 3:1 à 15 et 3:22 à 30. Jérusalem. Deux cierges sont éteints. Répons long (2 préchantres) chanté très lentement et repris une 2ème fois plus rapidement par le chœur : Les chœurs des anges... Verset : Les rangs angéliques... Deux cierges sont éteints. 2ème Nocturne (enchaîné sans interruption) Antienne : O Mort, Je serai ta mort (O mors, ero mors tua) Psaume 75 et reprise de l'Antienne. Deux cierges sont éteints. Répons bref : Il a établi le lieu de son repos (In pace factus est) Lecture du Livre d'Ezéchiel, le Prophète (XXXVII, 1-14) chanté sur un ton spécial par le prêtre. Deux cierges sont éteints. Le clergé se rend devant le tombeau, tandis que le chœur chante le répons ci-après. Répons long (2 préchantres) chanté très lentement et repris une 2ème fois plus rapidement par le chœur : Fais lever sur moi, Seigneur... Deux cierges sont éteints. 3ème Nocturne (enchaîné sans interruption) 1ère Antienne chantée doucement : Les femmes porteuses d'aromates (In illo tempore, Maria Madgalene) 2ème Antienne chantée plus énergiquement : Toutes les générations... Deux cierges sont éteints. Plaintes sur le tombeau : prières chantées par le prêtre en alternance avec les deux Antiennes ci-dessus. Répons bref : Ressuscite-moi Seigneur (Et resuscita me) Répons bref : Lève-toi, Seigneur (Exurge Domine) Lecture de l'Évangile selon saint Matthieu (27, 62-66) chanté sur un ton ordinaire. L'Église est plongée dans le silence. Tous les cierges sont éteints sauf un qui reste allumé derrière le tombeau. Tout le monde se prosterne. Répons long : Le Christ S'est fait pour nous obéissant . Le prêtre et les fidèles répètent 40 fois ensemble : Seigneur, aie pitié ! Comme le jour précédant, un grand bruit de tonnerre est produit. Le silence s'installe de nouveau dans l'obscurité. Tous les cierges derrière le tombeau sont rallumés pendant que 2 voix de femmes chantent : Vespere autem Sabbati. Le silence est obligatoire. Les fidèles vénèrent la Croix en s'agenouillant 3 fois. Quelques instants après, les fidèles se retirent de l'église dans le silence. Si possible, quelques fidèles veillent toute la nuit jusqu'à la Levée de la Croix au début de la matinée du Samedi Saint. A la cathédrale orthodoxe russe Saint Alexandre Nevsky à Paris, les Lamentations de Jérémie ne sont pas récitées au cours de la Semaine Sainte.

2. Les rites protestants

L E protestantisme est issu des grandes réformes prônées notamment par Jean Calvin en France et Martin Luther en Allemagne au XVIe siècle. Il connaît aujourd'hui une grande diversité qui est à la fois une force et une faiblesse. Calvin et Luther n'était pas ignorant de la force musicale dans les offices religieux. Si Luther lui reconnaissait des vertus comme un don de Dieu, et bien qu'il n'ait pas les dons et les connaissances de Luther, il se laissa influencer pour son introduction mais avec mesure : Quant est des prières publiques, il y en a deux espèces : les unes se font par simples paroles, les autres avec chant, et ce n'est pas chose inventée depuis peu de temps ; car dès la première origine de l'Eglise, cela a été, comme il appert par les histoires ; et même saint Paul ne parle pas seulement de prier de bouche, mais aussi de chanter. Et, à la vérité, nous connaissons par expérience que le chant a grande force et vigueur d'émouvoir et enflamber le cœur des hommes, pour invoquer et louer Dieu d'un zèle plus véhément et plus ardent . La Fédération Protestante de France (FPF) en propose la classification non exhaustive suivante : • Églises luthériennes, • Églises réformées et méthodistes, • Églises évangéliques : Armée du Salut, Baptistes, Nazaréen, Adventiste et Mennonites, • Églises pentecôtistes : Apostolique, de Dieu, Tzigane, Rochefort, Foursquare, Agapé, Baptistes charismatiques, Union d'Églises Protestantes en Mission, etc., • Communauté protestante interdénominationnelle en incluant les quakers, auxquelles il faut rajouter les églises protestantes non implantées en France : Frères moraves, Église non-conformiste, Église presbytérienne, puritains, etc. ou celles présentes en France mais en provenance de pays étrangers : Églises protestantes malgache, africaine, chinoise, coréenne, kabyle, presbytérienne écossaise, luthérienne suédoise, etc. Chaque Église conduit un culte qui lui est propre et qui peut être différent localement au sein d'une même Église. On peut donc affirmer qu'il n'existe pas un culte unique mais des cultes célébrés dans la tradition de chacune de ces églises. Toutefois, toutes les célébrations s'appuient sur la parole et le chant. Trait d'union entre toutes les Églises, la Bible est le noyau central d'où sont tirées les lectures et les prédications et ce, quelle que soit l'Église. Le chant, accompagné ou non, repose principalement sur les cantiques de louange et d'adoration. Comme le précise le pasteur Gill Daudé du Service Œcuménique de la FPF, on doit distinguer les Églises qui n'ont pas une tradition liturgique fixe de celles qui ont une tradition liturgique séculaire. Dans le 1er cas, les textes bibliques varient suivant l'inspiration du prédicateur, du président du culte ou de l'équipe dirigeante. C'est le cas des Églises pentecôtistes et évangéliques. Dans le 2ème cas, la liturgie est plus précise encore que souvent dépendante du pasteur. C'est le cas des Églises Réformées ou Luthériennes. Le pasteur Daudé précise par ailleurs que les Lamentations de Jérémie ne sont pas systématiquement lues au cours des cérémonies plus ou moins marquées de la semaine précédant Pâques. Par contre, elles sont proposées à plusieurs occasions au cours du cycle triennal liturgique. Par exemple, dans la liturgie luthérienne actuelle, la lecture en est faite le 5ème dimanche du temps de l'Église de l'année B (versets 3:22 à 33) ou dans l'Église évangélique luthérienne de France ou le 16ème dimanche après la Trinité. Le verset 3:25 est également utilisé comme promesse de grâce après la confession des péchés et avant l'absolution au temps de la Septuagésime. Enfin, les versets 3:22 à 26 & 31 à 33 sont suggérés comme acclamation d'ouverture ou comme une lecture biblique possible lors de services funèbres. Du côté de l'Église réformée, la rénovation liturgique actuellement en cours n'a pas formalisé le cycle pascal. On sait toutefois, en se référant à l'ancienne liturgie dite liturgie verte de 1963, que les Lamentations n'apparaissent dans aucune lecture si le cycle dure quatre ans, mais sont bien présentes sur un cycle triennal (commun aux Églises luthériennes et réformées) où il est conseillé de lire les versets 1:1 à 5 et 12, 2:1 à 11 et 13 le lundi de la Semaine Sainte, les versets 3:1 à 6, 18 à 27, 39 et 49 à 60 le mardi, les versets 4:1 et 2 à 6, 12 à 16 et 20 le mercredi, et les versets 5:1 à 3 et 15 à 22 le jeudi. Le Samedi Saint, au cours de la vigile pascale, les versets 3:55 à 58 sont lus dans l'adoration du début et les versets 3:1 à 7 et 18 à 33 à choisir dans les lectures.

Rite de la Communauté des Diaconesses de Reuilly Dans la Communauté des Diaconesses de Reuilly qui suit l'ancien office de Taizé, les Lamentations de Jérémie sont récitées à 8 heures aux Laudes des Jeudi, Vendredi et Samedi Saints. Rappelons que l'ancien office de Taizé est issu des travaux d'un groupe de travail suisse Église et liturgie qui a œuvré dans les années 1960 sur le déroulement des offices. Les cérémonies au cours desquelles les lamentations sont récitées mais non chantées sont bâties sous forme de veille classique. Elles se déroulent en l'absence du pasteur. La chapelle et notamment l'autel est dépouillée de tous ses apparats habituels. Il n'y a pas de cérémonial particulier et les sœurs sont réparties en demi-cercle face à l'autel. On retrouve ici l'aspect trinitaire donné à ce rite : trois jours, trois veilles, trois lamentations. Donnés à titre d'exemple, les offices suivent le cycle ci-dessous. Ils concernent la seule communauté monastique de l'hôpital des Diaconesses. En effet, suivant les effectifs et les capacités des communautés composant la congrégation, la structure des offices n'est pas modifiée mais son déroulement est plus ou moins allégé.

Jeudi Saint, matin 1ère veille Antienne : Arrière, ceux que flatte mon malheur ou Mon Dieu, délivre-moi des mains de l'impie. Psaume 70 chanté sur un ton propre à la communauté Verset : Le zèle de ta maison me dévore, Répons : L'insulte qui t'insulte tombe sur moi. Lamentations de Jérémie : versets 1:1 à 5 récités, Jérusalem chanté (André Gouzes) versets 1:6 à 9 récités, Jérusalem chanté (André Gouzes) versets 1:19 à 22 récités, Jérusalem chanté (André Gouzes) Grand Kyrie 2ème veille (enchaînée sans interruption) Antienne : Lève-toi ô Dieu, plaide ta cause. Psaume 41 sur un ton propre à la communauté Verset : Délivre-moi de la main de l'impie, Répons : Des prises du fourbe et du violent. Lecture : Deutéronome 16:1 à 3 Répons : L'esprit est ardent. 3ème veille (enchaînée sans interruption) Antienne : Au jour d'angoisse je cherchais le Seigneur Psaume 77 sur un ton propre à la communauté Verset : Lève-toi, ô Dieu Répons : Plaide ta cause. Lecture : Luc 22:7 à 20 Hymne : Le Fils bien-aimé. Suit la Louange matinale.

Vendredi Saint, matin 1ère veille Antienne : Les rois de la terre se lèvent ou Ils partagent entre eux mes vêtements. Psaume 2 chanté sur un ton propre à la communauté Verset : Le cœur me bat, ma force m'abandonne, Répons : Et même la lumière de mes yeux. Lamentations de Jérémie : versets 3:1 à 9 récités, Jérusalem chanté (André Gouzes) versets 3:10 à 18 récités, Jérusalem chanté (André Gouzes) versets 3:19 à 26 récités, Jérusalem chanté (André Gouzes) Grand Kyrie 2ème veille (enchaînée sans interruption) Antienne : Contre moi ont surgi des orgueilleux, des forcenés pourchassent mon âme. Psaume 26 sur un ton propre à la communauté Verset : Contre moi se sont levés de faux témoins, Répons : Qui soufflent la violence. Lecture : Hébreux 9:11 à 15 Répons : Jésus, souviens-toi de moi. 3ème veille (enchaînée sans interruption) Antienne : On s'attaque à la vie du Juste et le sang innocent on le condamne. Psaume 129 sur un ton propre à la communauté Verset : De paroles de haine on m'entoure Répons : On m'attaque sans raison. Lecture : Jean 18:1 à 11 Hymne : Mon âme est triste à en mourir. Lecture : Jean 18:12 à 27 Hymne : L'esprit est ardent et la chair est faible. Lecture : Jean 18:28 à 40 Hymne : Tu m'as crucifié en délivrant Barabbas. Suit la Louange matinale.

Samedi Saint, matin 1ère veille Antienne : Mon cœur exulte, mon âme jubile, ma chair reposera en sûreté. Psaume 15 chanté sur un ton propre à la communauté Verset : Dans la paix je m'endormirai, Répons : Et bientôt je reposerai. Lamentations de Jérémie : versets 3:27 à 33 récités, Jérusalem chanté (André Gouzes) versets 3:46 à 58 récités, Jérusalem chanté (André Gouzes) versets 5:15 à 22 récités, Jérusalem chanté (André Gouzes) Grand Kyrie 2ème veille (enchaînée sans interruption) Antienne : Je le crois, je verrai la bonté de Dieu sur la terre des vivants. Psaume 30 sur un ton propre au monastère de Lérins Lecture : I Pierre 3:18 à 22 Répons : En raison du mal le juste est enlevé. 3ème veille (enchaînée sans interruption) Antienne : Tu m'as mis au tréfonds de la fosse, dans les ténèbres, au sein des abîmes. Psaume 88 sur un ton propre à la communauté Verset : Voici Dieu qui vient à mon secours Répons : Le Seigneur avec ceux qui me soutiennent. Lecture : Matthieu 27:57 à 66 Hymne : O Christ tu fus déposé dans le tombeau. Méditation. Suit la Louange matinale. En complément de ces indications, notons que le verset 1:12 des Lamentations, également utilisé en répons dans le rite catholique, est également repris au sein de la communauté, le lundi soir et le mercredi matin en réponse à l'Evangile du jour.

Rite de la communauté de Crêt-Bérard Les offices du matin de la Semaine Sainte tel qu'ils sont priés à Crêt-Bérard dans le canton de Vaud en Suisse, retiennent les versets 1:8 à 14 suivis du Jérusalem le Jeudi Saint, les versets 3:1 à 6 pour le Vendredi Saint, le verset 1:12 pour l'introduction de l'office de la 9ème heure du même jour, les versets 3:27 à 33 et 55 à 58 pour le Samedi Saint.

Extrait de L'office divin tel qu'il est prié à Crêt-Bérard. Ed. Labor et fides. Genève. 1987. Montrés comme exemples de pratiques et non comme modèles, les rites sont appliqués de manière souple par le pasteur ou la communauté. Cependant, dans les Églises historiques, des liturgies nationales validées par les synodes servent de référence et maintiennent une certaine unité, en particulier quant à l'Ordo. Ainsi, un luthérien ou un réformé retrouve le même ordre liturgique dominical, à quelques variantes près, dans l'ensemble des paroisses. Ceci est moins vrai pour les liturgies de la Semaine Sainte pour lesquelles règne une plus grande diversité du côté réformé que du côté luthérien, unifiée cependant par les lectures des Evangiles au centre de chaque célébration. Ces liturgies demeurent réformables selon un processus synodal bien déterminé qui engage l'ensemble des paroisses. Sur un plan strictement musical, on trouve quelques cantiques reprenant tout ou partie des textes des Lamentations de Jérémie mais pratiquement pas de composition sacrée comme dans l'Église catholique ou dans les Synagogues.

3. Le rite judaïque

L A liturgie catholique trouve son origine dans la prière juive. Elle en est la continuation naturelle. Il en est ainsi avec les Heures et autres textes ou formules liturgiques y compris le Notre Père. Un parallèle peut être soutenu sans danger même au niveau des grandes fêtes annuelles comme la Pâque pour les juifs et Pâques pour les chrétiens. Il ne serait pas surprenant de trouver un jour que les cérémonies de la Semaine Sainte proviennent également des fêtes juives. Les Lamentations de Jérémie sont récitées ou chantées le 9 d'Av (Tisha bé Av תשעה באב) de chaque année (le 18 juillet 2002, le 7 août 2003, etc., puisque les dates mobiles suivent le cycle lunaire et solaire). Rappelons en quelques mots la signification de cette fête. Ce jour-là, les juifs se remémorent, entre autres, les catastrophes suivantes : • la promulgation de l'interdiction d'entrée en terre d'Israël pour la génération du désert (Dévarim 1, 35 et Taânite 26b) : Vous vous êtes lamentés sans raison ; Je vais vous donner des raisons de vous lamenter, vous et vos générations à venir ; • l'incendie, en 586 BC, avant l'ère commune ou vulgaire pour les juifs, par les troupes de Nabuchodonosor du premier Temple (Ta'ânite 29a) ; • après sa destruction, la charrue est passée en 68 de notre ère (an 3828 du calendrier juif) sur l'emplacement du second Temple, par le romain Turnus Rufus, selon Ta'ânite 26b : Sion sera labourée comme un champ et Jérusalem deviendra un monceau de ruines ; c'est Aelia Capitolina que les romains construisent sur l'ancienne capitale ; • la destruction en 135 de notre ère de Bétar (fortification de résistance des Juifs avec Bar Kokhba) par les Romains et l'interdiction d'enterrer les morts parce que les Sages de Jérusalem méprisaient ceux de Bétar et les opprimaient ; • de nombreuses autres catastrophes comme le suicide collectif des juifs de York durant les émeutes antisémites de 1190, l'expulsion d'Angleterre en 1205, l'extermination en 1298 de la communauté de Meiningen en Allemagne, l'expulsion de France en 1306 par Philippe IV, l'expulsion par les rois catholiques d'Espagne en 1492, la création du ghetto de Florence en 1571, l'expulsion des juifs de Vienne en 1670 ; • l'abolition en 1882 par le gouvernement turc de l'autorisation donnée aux Juifs de s'établir en Eréts d'Israël ; • l'extermination en 1941 de la communauté de Czernovitz en Ukraine ; • la fusillade en 1943 de 600 juifs du ghetto de Sosnoviec en Pologne. Les Lamentations sont donc étroitement liées aux épreuves du peuple juif au travers de son existence. Le 9 d'Av est un jour de grand jeûne exceptionnel pour tous les juifs. Les prescriptions sont strictes tant en matière de restriction alimentaire (c'est une obligation pour tout Israël, hormis ceux qui ne peuvent supporter le jeûne en raison de leur santé) qu'en matière relationnelle ou vestimentaire. On ne peut étudier que le livre de Job, les Lamentations et ses commentaires ou les livres d'histoire qui décrivent les catastrophes, car ils alimentent l'esprit du deuil (Choul'han 'Aroukh – Maran ch. 553-1 à 4), ceci en référence au Psaume CXIX : les préceptes de l'Éternel sont droits, ils réjouissent le cœur. A la synagogue, ou beth haknesseth , au cours des offices darvith le soir du 9 d'Av, l'obscurité règne et seules subsistent quelques bougies pour lire ou chanter par un hazzan à leur lueur l'intégralité des lamentations Eikha, les récits plaintifs, les kinote, et les litanies de circonstances (Maran ibid.) sur un ton grave et monotone. Le rideau (parokhète) de l'armoire aux rouleaux de Torah (arone haqqodéche) est changé ou retiré. Les participants sont assis par terre, comme endeuillés (Maran ch. 559-3), mais peuvent utiliser un petit coussin ou un tabouret (Kol Sinaï 5722. 9 av. 31). Au chapitre VIII des Jeusnes commandez & volontaires de l'ouvrage de Simonville , on peut relever dès le XVIe siècle cette coutume : V. Le 9. d'au est un Jeusne nommé tisha beau, qui est plus grand que les autres. Car ce fut ce jour-là que Nabucod Nosor brûla le Temple, & qu'à pareil jour l'Empereur Titus le brûla depuis. Ce Jeusne commence la veille, une heure, ou à peu près, avant le Soleil couchant, que l'on cesse de manger & de boire ; jusqu'à ce que le lendemain au soir les estoiles apparoissent ; & de meurent tout ce temps-là pieds nuds, ou sans souliers de cuir, & sans se pouvoir laver. VI. Le soir après que la priere ordinaire est finie dans la Synagogue, ils s'asséent par terre, & lisent les Lamentations de Jeremie. Ils font la mesme chose le lendemain, ajoustant beaucoup d'autres lamentations à celles-cy, demeurant tristes tout le jour, ne leur estant pas permis d'estudier dans la Loy ; mais seulement de lire Job, Jeremie, & autres livres affligeans. Les signes extérieurs de tristesse sont là pour aider la réflexion intérieure afin qu'elle soit attristée par la destruction du bonheur basé sur la Torah de vie, le Peuple de la Torah de vie et la Terre de la Torah de vie. Selon certains rites, on lit Eikha également au cours de l'office du matin, chakharith, du 9 Av. Les courants réformés américains, qui semblent se diriger vers des cérémonies particulières, ont abandonné ces coutumes traditionnelles. Comme l'indique Haïk Vantura, les synagogues permettaient les cantillations traditionnelles et non au Temple de Jérusalem comme on pouvait l'imaginer. Dans ce domaine, chaque synagogue avait ses propres habitudes et ses propres problèmes. Les textes sacrés étaient chantés non par des chantres instruits mais par une personne ayant de préférence une belle voix. Ce n'est qu'au VIe siècle, qu'apparut le hazan, un chantre attitré . Après de longues recherches sur le déchiffrement de la cantillation traditionnelle juive, Haïk Vantura établit une similitude sérieuse et fondée des figures mélodiques entre le plain-chant et la tradition synagogale de Damas afin de démontrer leur origine unique. Nous ne retiendrons qu'ici un petit extrait pour illustrer la qualité de cette recherche. Il concerne plus particulièrement le début du 1er verset du 1er chapitre des Lamentations : Quomodo sedet sola civitas plena populo…


Haïk Vantura, extr. exemple p. 171.

Il serait long d'exposer ici la théorie du déchiffrement pour obtenir ce résultat mais il y a lieu de signaler que le processus est longuement analysé dans la 2ème partie de son ouvrage. Le lecteur pourra s'y référer utilement pour ses propres recherches ou pour satisfaire tout simplement sa curiosité. En France, les communautés juives étaient peu nombreuses. La tradition comprenait trois branches : l'autochtone, dite comtadine, constituée et conservée dans les quatre communautés – Aix, Cavaillon, Carpentras, Isle-sur-Sorgue - du Comtat Venaissin ; la portugaise, importée d'Espagne et pratiquée dans les communautés sefardies de Bordeaux, Bayonne et autres villes du Midi, ainsi, sans doute, qu'à Paris ; enfin l'alsacienne, la plus répandue, d'origine rhénane, était en usage parmi les juifs askenazis de l'Est de la France et de la capitale. Entre ces trois ramifications d'une même souche, les divergences sont moins significatives que les similitudes. La musique synagogale est de type monodique et modale excluant l'emploi des instruments. Elle traduit parfaitement la ferveur attendue de la prière juive. Après quelques déviations dues à des effets de modes (et non modales), Samuel Naumbourg (1815-1880), chef de chœur à Strasbourg, puis ministre-officiant à Paris, donna le coup de pouce indispensable pour un retour à la tradition qui se perpétue encore aujourd'hui. Des grands maîtres lui ont succédé comme Samuel David (1838-1895), Jules Franck (1858-1941), Ernest Bloch (1880-1959) et, plus près de nous encore, Darius Milhaud (1892-1974). Le texte biblique n'est pas fondamentalement différent de celui que nous trouvons dans la Bible et, comme le dit Yehoshua Ra'hamim Dufour, ce texte nous place dans une relation conjugale entre le Créateur et nous, dans des niveaux intimes et secrets, jusqu'aux moments les plus tragiques de l'existence. Voici le début de la traduction du texte, tout au moins les trois premiers versets du premier chapitre :

1. Hélas ! Comme elle est assise solitaire, La ville si peuplée autrefois, Et maintenant comme une veuve ! Immense parmi les nations, Princesse parmi les Etats, Elle est réduite à payer tribut ! Eikha yachéva vadad. Haîr rabbati âm, Hayéta kéalmana, Rabbati vagoyim, Sarati bamédinote, Hayéta la mas. 2. Elle pleure sans cesse la nuit, Et ses larmes couvrent ses joues. Elle n'a pas de consolateur Parmi tous ceux qui l'aimaient. Tous ses amis l'ont trahie Et sont devenus ses ennemis. Bakho tivké balaila, Védimâtah âl lé'héyah, Eïne la ména'hém, Mi kol ohavéiya, Kol réêya baguédou va, Hayou la léoyévim. 3. Yéhouda est allée en exil, Victime de la pauvreté et d'une grande servitude ; Elle habite au milieu des nations, Et elle n'y trouve pas de repos ; Tous ses persécuteurs l'ont surpris Dans l'angoisse de défilés ressérés. Galéta Yéhouda, Méôni oumérov âvoda, Hi yachéva vagoyim, Lo matsea manoa'h, Kol rodéféya hissigouah, Béin hammétsarim.

Texte de Eikha, les Lamentations (traduction Yehoshua Ra'hamim Dufour) .



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