L'évolution du texte biblique français depuis son origine - Introduction

De Lamentations de Jérémie.

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== [[L'évolution du texte biblique français depuis son origine - XXIe siècle]] ==
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Le Bible expliquée de la Société biblique française a été éditée pour la 1ère fois en 2004. Elle est le résultat d'une traduction de l'hébreu et du grec en français courant .
 
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1 Hélas ! la voilà toute seule, la cité autrefois si fréquentée !
 
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Elle, si renommée parmi les nations, la voilà comme veuve.
 
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Hier princesse dominant les provinces,
 
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la voilà réduite au travail des esclaves.
 
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2 Elle passe la nuit à pleurer, ses joues ruissellent de larmes.
 
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Parmi tous ses amis, plus personne pour la réconforter.
 
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Tous ses amis l'ont abandonnée,
 
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ils sont maintenant des ennemis pour elle.
 
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La même année, les rabbins Nosson Scherman, educateur, auteur et orateur, et Meir Zlotowitz, auteur et éditeur, édite un ouvrage intitulé Megillat Ekah, la traduction et les commentaires étant fondés sur les sources talmudiques, midrachiques et rabbiniques . La traduction originale du texte biblique a été réalisée d'après la Bible du Rabbinat français, celle du commentaire et de l'introduction par le rabbin Jean-Jacques Gugenheim.
 
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I Hélas ! Elle est assise solitaire ! La ville naguère populeuse est devenue comme une veuve. Elle, si puissante parmi les nations, princesse parmi les provinces, a été rendue tributaire.
 
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2 Elle pleure amèrement dans la nuit, les larmes inondent ses joues ; elle n'a point de consolateur parmi tous [p. 55] ceux qui l'aimaient ; tous ses amis l'ont trahie et sont devenus ses ennemis.
 
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La Bible dite du Semeur (BDS) parue en 1992 sous l'égide de la Société biblique internationale , a élaboré un texte compréhensible par un large public en visant à traduire le sens des phrases plutôt qu'à offrir une correspondance exacte entre les mots du texte original et les mots de la traduction :
 
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Comment elle reste solitaire
 
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la cité qui, naguère, était si populeuse !
 
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Elle est comme une veuve !
 
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Elle qui était importante au milieu des nations,
 
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princesse des provinces,
 
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elle est astreinte à la corvée !
 
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Tout au long de la nuit, elle pleure, et ses larmes ruissellent sur ses joues.
 
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De tous ceux qui l'aimaient,
 
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aucun ne la console :
 
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Tous ses compagnons l'ont trahie
 
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et ils sont devenus ses ennemis.
 
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La Bible d'étude Semeur, parue peu de temps après en 2000, présente bien entendu le même texte mais avec des références aux autres textes bibliques et des commentaires afin de faciliter une étude approfondie.
 
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La Bible des Peuples, parue en 1998, traduite à partir des textes originaux hébreux et grecs, est une traduction assez littérale, présentée et commentée pour les communautés chrétiennes et pour ceux qui cherchent Dieu par Bernard et Louis Hurault . Elle vise à rendre le texte plus percutant et actuel. C'est une réédition de la Bible des Communautés chrétiennes.
 
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1 1 Hélas !
 
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Elle reste seule,
 
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la ville au peuple nombreux,
 
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elle est resté comme une veuve,
 
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la grande parmi les nations ;
 
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jadis reine parmi les provinces,
 
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elle est soumise à la corvée. 2 Elle a pleuré toute la nuit
 
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et les larmes couvrent ses joues.
 
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Parmi tous ses amants,
 
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pas un ne la console.
 
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Tous ses amis l'ont trahie,
 
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sont devenus des ennemis.
 
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En 2000, paraît la Bible Parole de vie qui connaîtra plusieurs éditions . Le texte qui est le résultat d'une traduction en "français fondamental", le vocabulaire étant volontairement restreint à 3 000 mots, en est le suivant :
 
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1 1 Hélas ! la voici abandonnée,
 
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cette ville autrefois si peuplée !
 
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Elle est comme une veuve,
 
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celle qui était si célèbre
 
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parmi tous les peuples.
 
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La voilà esclave,
 
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celle qui était une reine
 
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parmi les provinces ! 2 Elle passe ses nuits à pleurer,
 
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et ses joues sont couvertes de larmes.
 
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Parmi ceux qui l'aimaient,
 
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personne ne la console.
 
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Tous ses amis l'ont trahie,
 
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ils sont maintenant ses ennemis.
 
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En 2000, paraît également une traduction du texte de Eikha par le Rav Yehoshua Ra'hamim Dufour .
 
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1 Hélas! Comme elle est assise solitaire,
 
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la ville si peuplée autrefois,
 
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et maintenant comme une veuve !
 
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Immense parmi les nations,
 
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princesse parmi les Etats,
 
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elle est réduite à payer tribut ! 2 Elle pleure sans cesse la nuit,
 
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et ses larmes couvrent ses joues.
 
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Elle n'a pas de consolateur
 
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parmi tous ceux qui l'aimaient.
 
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Tous ses amis l'ont trahie
 
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et sont devenus ses ennemis.
 
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La littérature française entretient ainsi avec la Bible une relation paradoxale et plus riche que les autres littératures européennes mais, comme le dit Paul Claudel en 1936, malheureusement les Bibles de langue française ne nous donnent que des transcriptions pauvres et plates, sans résonance et sans poésie. Il est vrai que les traducteurs français n'associaient jamais d'écrivains contemporains. Trop souvent les traductions de la Bible en français sont issues d'une pensée de la langue, des langues, ou d'une pensée de l'histoire et de l'archéologie des textes, rarement, voire jamais, d'une pensée de la littérature, est-il dit dans la partie introductive de la Bible. C'est chose faite avec la Bible [des écrivains] depuis 2001 avec le travail collectif  entre plusieurs exégètes et écrivains francophones, une cinquantaine, de part et d'autre de l'Atlantique, afin de retrouver la légèreté d'une langue écrite et parlée dans un monde en devenir. L'originalité repose donc sur la constitution de binômes composés d'un exégète et d'un écrivain. Le résultat est quelquefois décapant.
 
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Aleph. Comment !
 
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Elle habite en solitude, la ville remplie de peuple ?
 
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Elle est comme une veuve :
 
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Grande parmi les nations, princesse parmi les provinces,
 
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La voilà livrée à mépris.
 
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Beth. A pleurer : elle pleure dans la nuit
 
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Et ses pleurs sont sur ses joues.
 
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Pour elle, pas de consolateur, parmi ceux qui l'aiment,
 
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Tous ses proches l'ont trahie,
 
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Devenus pour elle ennemis.
 
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La Nouvelle Bible Segond (NBS) , bible protestante, qui paraît en 2002, ne présente pas de différences avec la version précédente de 1874 tout au moins en ce qui concerne les textes étudiés dans le présent chapitre.
 
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La Bible d'Alexandrie LXX, traduction du grec de la Septante préparée dans le cadre du Centre Lenain de Tillemont de l'université Paris-Sorbonne, unité associée au CNRS, comprend dans le volume 25.2, paru en 2005 aux Editions du Cerf à Paris, les livres de Baruch, Lamentations, Lettre de Jérémie . L'introduction et les notes figurant en tête du livre des Lamentations ont été préparées par Isabelle Assan-Dhôte et Jacqueline Moatti-Fine .
 
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Alph  « Comme elle s'est assise solitaire, la cité qui s'était multipliée en peuples! Elle est devenue comme une veuve, elle le qui s'était multipliée parmi les nations, princesse parmi les provinces, elle est devenue tributaire !Tout au long de la nuit, elle pleure, et ses larmes ruissellent sur ses joues.
 
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Beth Elle a pleuré, pleuré dans la nuit, et ses larmes sur ses joues, et il n'y a personne qui la console, parmi tous ceux qui l'aimaient ; tous ceux qui la chérissaient l'ont trahie, ils sont devenus pour elle des ennemis.
 
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La Nouvelle King James Française  de 2006 présente une version classique du texte des Lamentations :
 
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Comment est assise solitaire, la ville qui était si peuplée!
 
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Comment est-elle devenue comme une veuve!
 
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Celle qui était grande parmi les nations, et princesse parmi les provinces,
 
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comment est-elle devenue tributaire!
 
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Elle pleure beaucoup durant la nuit, et ses larmes sont sur ses joues;
 
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parmi tous ses amants, elle n'en a aucun pour la consoler;
 
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tous ses amis ont agi perfidement avec elle,
 
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ils sont devenus ses ennemis.
 
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Dans l'essai biographie du prophète, Jérémie le prophète, l'homme en son temps ¸ figurent les Complaintes sur la destruction de Jérusalem . Ces textes, écrits par Eric Dereeper, abordent dans leur contexte historique les textes des Livres bibliques.
 
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1 Hélas ! Elle est assise solitaire, cette ville si grande ! Elle est devenue comme une veuve ! Elle, si grande parmi les nations, princesse sur les provinces, elle est astreinte à la corvée !
 
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2 Elle passe la nuit à pleurer, ses joues ruissellent de larmes. De tous ceux qui l'aimaient, personne ne la console ; tous ses amis l'ont trahie, ils sont devenus ses ennemis.
 
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Il faut prendre conscience que ces quelques pages ne traduisent qu'une brève évolution des textes bibliques des Lamentations de Jérémie. Ce chapitre n'a pas la prétention de décrire l'histoire de la bible.
 
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Bien entendu, les Lamentations de Jérémie ont été reprises dans différentes langues régionales françaises. C'est l'exemple même du jersiais, langue minoritaire de Jersey, qui vient des langues d'oil, du normand, du guernesiais, du picard, du gallo et du ouallon. Et si cette langue est intéressante à plus d'un titre, c'est qu'elle est encore parlée au XXe siècle jusqu'au bord de la Loire.
 
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Les deux premiers versets, écrits en jersiais par le poète Geraint Jennings en juin 2000 , se présentent comme suit :
 
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La ville est veuve - la grise campangne mouothit.
 
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Les nièrs c'mîns vithent coumme des ribans dé deu
 
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Copant les bouais'sies d'if, dé tchêne, d'louothi,
 
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D'bouôlias et d'fau. Prannons d'la fouaille pouor l'feu,
 
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Satchant lé tondre. La tendresse dé nos tchoeurs
 
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Alleunm'tha les rouoges veues d'touos nos carrefours.
 
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Lé brit dû du trafi sonn'na nos plieurs.
 
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Nos lèrmes sont à laver hors nos amours.
 
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Ces lamentations n'ont pas été mises en musique !
 
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Chaque Leçon des Ténèbres se termine sur le texte latin, Jerusalem, Jerusalem, convertere ad Dominum Deum tuum, tiré du Livre du prophète Osée (14,2).
 
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Du Jerusalem, Jerusalem convertissez-vous au Seigneur vostre Dieu du XVIIIe au Allez reviens Israël jusqu'à Yhwh ton Dieu. Tu es tombé, c'est de ta faute du XXe, en passant par Reviens pécheur à ton Dieu qui t'appelle  du XIXe, ce texte revient comme une ritournelle destinée à inciter à la conversion des âmes comme le rappelait récemment Paul VI dans son homélie de canonisation des martyrs d'Ouganda du XIXe siècle lorsque Charles Lwanga protégea les pages des avances homosexuelles du roi du Baganda, Mwanga . Parlant de ce crime, Paul VI recourt à Jérémie car combien ne reconnaîtraient pas la même confusion, le chaos culturel, l'idolâtrie, la licence, l'injustice des jours de Jérémie dans le milieu dans lequel tout prêtre, aujourd'hui en 1996, doit vivre, se déplacer, avoir son existence ? Combien, à un moment ou à un autre, ne pourraient pas faire l'écho au sentiment d'abandon complet de Jérémie, ou de solitude existentielle ? Combien n'a jamais souffert de cette frustration de Jérémie, celle de prêcher à des sourds ?
 
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La réforme du Concile du Vatican de 1962 a pratiquement supprimé les Lamentations de Jérémie à l'exception d'une partie de l'Oratio (versets 5:1 à 5:7 et 5:15 à 5:21) maintenue à la Prière matinale du Samedi Saint.
 

Version du 14 mai 2010 à 17:14


Le latin est traditionnellement utilisé pour chanter les Lamentations de Jérémie au cours du Triduum Sacrum de la Semaine Sainte. Le texte biblique français est, bien entendu, plus récent même s'il faut remonter au XIIe siècle pour avoir un aperçu des premières traductions. Un rapide coup d'œil sur les textes depuis le Moyen Âge permet de constater les évolutions du vocabulaire et de l'orthographe. On est loin de l'emploi de notre traditionnel françois.

La présentation qui est faite dans ce chapitre ne prétend pas faire un historique de toutes les versions françaises de la Bible. Elles sont là pour présenter modestement cette évolution qui ne concerne que le Vieux ou l'Ancien Testament. Il ne s'agit pas non plus de relater une histoire des versions françaises mais au fur et à mesure de la glanure des textes, on s'aperçoit rapidement de l'intérêt de les réunir dans un chapitre particulier.

Les citations reprennent l'orthographe ancienne, ce qui en rend la lecture un peu difficile mais qui permet de mieux apprécier l'évolution de la langue dans la version qu'en a voulu le traducteur. C'est le cas des u et des v, des ß, des f et des s, des i et des j, etc., qui, dans certains cas, rendent la lecture délicate : vefue ou veufue pour veufve, devenu plus tard veuve ; deuindzent pour devindrent puis devinrent, etc.

Il a semblé intéressant de présenter quelques extraits au fil des siècles en intercalant des parodies, des paraphrases, car ces lamentations ne laissent pas insensibles et la transposition caricaturale ou dramatique qui en est faite, traduit toujours une lueur d'espoir (ou de révolte) dans un torrent de plaintes.

Le texte étant fort long, à quelques exceptions près, seuls les versets 1 et 2 du 1er chapitre, les plus connus, servent d'illustration.

La Bible, jusqu'au XVe siècle, est un compromis entre les écritures et l'histoire : elle réorganise les livres en le complétant d'extraits pris à des historiens profanes.


Sommaire

L'évolution du texte biblique français depuis son origine - Avant le XVIe siècle

L'évolution du texte biblique français depuis son origine - XVIe siècle

L'évolution du texte biblique français depuis son origine - XVIIe siècle

L'évolution du texte biblique français depuis son origine - XVIIIe siècle

L'évolution du texte biblique français depuis son origine - XIXe siècle

L'évolution du texte biblique français depuis son origine - XXe siècle

L'évolution du texte biblique français depuis son origine - XXIe siècle

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