Thierry Escaich
De Lamentations de Jérémie.
(Nogent-sur-Marne 1967 – )
Compositeur et organiste français, il étudie l'harmonie avec Roger Boutry en 1983, le contrepoint avec Jean-Claude Heury en 1984, la fugue avec Michel Merlet en 1984, l'orgue avec Rolande Falcinelli en 1986, l'improvisation à l'orgue avec Michel Chapuis en 1988, l'analyse musicale avec Claude Ballif en 1988, la composition avec Alain Bancquart en 1988 et l'orchestration avec Jacques Charpentier, enseigne au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris depuis 1992, est également titulaire des orgues de l'Eglise Saint-Ignace à Paris, puis de Saint-Etienne-du-Mont depuis janvier 1997 où il succède à Maurice Duruflé.
Ses compositions, d'une densité expressive faite de bouillonnements dramatiques tendus jusqu'à l'épuisement, puisent dans l'univers du chant grégorien. La 1ère audition de ses Lamentations de Jérémie (extraits seulement) a eu lieu le 1er juin 1999 à l'Eglise Notre-Dame des Blancs Manteaux avec l'ensemble A Sei Voci (direction, Bernard Fabre-Garrus) et le compositeur à l'orgue. Cette œuvre a été écrite à la demande de l'ensemble pour 4 vx d'hommes. De l'avis de son auteur, cette pièce est avant tout un parcours poétique à travers les Lamentations du Prophète Jérémie (VIe s av. JC) dont je n'ai gardé que quelques extraits particulièrement forts. Il ajoute : Comme dans ma précédente œuvre vocale, Ad Ultimas Laudes, j'ai eu besoin de recourir à la superposition du texte en français pour la compréhension du sens et de réminiscences latines pour la symbolique. Bien que d'un seul tenant, l'œuvre se divise assez clairement en cinq parties :
- Dieu s'adressant à Jérémie, symbolisé par la déclamation du haute-contre sur une nappe polyphonique d'un autre âge exposée aux 3 autres voix comme une lointaine réminiscence de l'œuvre de Cristobal de Morales écrite quelques siècles auparavant.
- Dieu demandant à Jérémie de convoquer les tribus d'Israël. Episode plus vif et homophone où les indications répétitives rythmées à l'ancienne se succèdent de façon haletante avec sans cesse cette phrase des Lamentations : "Hierusalem, convertere ad Dominum Deum tuum".
- Le centre de l'œuvre est un bref choral par lequel Jérémie s'adresse au Peuple d'Israël.
- Vient alors la mise en garde à Israël et l'annonce de sa destruction ponctuée par une longue supplique du Peuple infidèle 'Domine exaudi vocem meam", issue d'un De Profondis imaginaire.
- Enfin, la contemplation du désastre, avec une écriture dépouillée à l'extrême, d'où l'on discernera toutefois les dernières réminiscences de la nappe polyphonique évoquée au début de la pièce.
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