La didascalie catholique

De Lamentations de Jérémie.

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Dans son ouvrage ''L'Office de la Semaine Sainte selon le Messel & Breviaire Romain'', M. de Marolles  rapporte que les cérémonies se déroulent ''en trois jours parce que Nôtre-Seigneur en employa autant, soit en ses travaux, ou en sa sepulture, ou bien à consoler ses Apostres merveilleusement travaillez pour ce sujet. Que si l'Eglise commence dés ce jour, où l'on dit au soir Matines du Jeudy, c'est parce que le Samedy estoit autrefois employé au Mystere de la Resurrection qui arriva la nuit suivante''.
Dans son ouvrage ''L'Office de la Semaine Sainte selon le Messel & Breviaire Romain'', M. de Marolles  rapporte que les cérémonies se déroulent ''en trois jours parce que Nôtre-Seigneur en employa autant, soit en ses travaux, ou en sa sepulture, ou bien à consoler ses Apostres merveilleusement travaillez pour ce sujet. Que si l'Eglise commence dés ce jour, où l'on dit au soir Matines du Jeudy, c'est parce que le Samedy estoit autrefois employé au Mystere de la Resurrection qui arriva la nuit suivante''.
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Le ''Triduum Sacrum'' a été également appelé les jours de lamentations (Dictionnaire de Trévoux, 1743). Au XXe siècle, les manuels de la Semaine Sainte précisent qu'elle s'appelait autrefois la Semaine peineuse, ou pénible (pœnosa) en souvenir des souffrances endurées par le Christ pour le salut du genre humain, de Semaine d'indulgence, parce que l'on y recevait la pénitence, et les Pères de l'Eglise, notamment saint Jean Chrysostome dans une de ses Homélies, lui ont donné le nom de Grande Semaine. Ils reprennent en cela l'appellation déjà mentionnée en 1878 par l'Abbé Houssaye . L'ouvrage collectif de La Semaine Sainte à Rome mentionne d'autres termes comme la Semaine d'indulgence parce qu'on y recevait les pêcheurs à la pénitence , ou Hebdomada xeorphagieæ car pour la dernière semaine du carême on devait redoubler de sévérité dans le jeûne, et cite volontiers Tertullien qui les appelle Dies quibus oblatus est sponsus, Les jours auxquels l'Epoux a été immolé .
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Le ''Triduum Sacrum'' a été également appelé les ''jours de lamentations'' (Dictionnaire de Trévoux, 1743). Au XX<sup>e</sup> siècle, les manuels de la ''Semaine Sainte '' précisent qu'elle s'appelait autrefois la ''Semaine peineuse'', ou pénible (''pœnosa'') en souvenir des souffrances endurées par le Christ pour le salut du genre humain, de ''Semaine d'indulgence'', parce que l'on y recevait la pénitence, et les Pères de l'Eglise, notamment saint Jean Chrysostome dans une de ses Homélies, lui ont donné le nom de ''Grande Semaine''. Ils reprennent en cela l'appellation déjà mentionnée en 1878 par l'Abbé Houssaye . L'ouvrage collectif de ''La Semaine Sainte à Rome '' mentionne d'autres termes comme la ''Semaine d'indulgence parce qu'on y recevait les pêcheurs à la pénitence'' , ou ''Hebdomada xeorphagieæ '' car pour la dernière semaine du carême on devait redoubler de sévérité dans le jeûne, et cite volontiers Tertullien qui les appelle ''Dies quibus oblatus est sponsus, Les jours auxquels l'Epoux a été immolé'' .
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Le terme de Semaine sainte reste toutefois le plus fréquemment utilisé en raison de la sainteté des mystères dont on y fait la commémoration. Cette semaine-là clôt le cycle des 40 jours de Carême durant lesquelles le jeûne était de rigueur comme pour marquer le suprême effort de la pénitence chrétienne. L'Église catholique a atténué peu à peu la pratique du jeûne pour finalement disparaître il y a quelques années. Il subsiste encore des exigences de ce type dans la chrétienté orthodoxe (xérophagie).
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On retrouve dès le début du XVIIIe siècle des ouvrages imprimés spécifiques à l'attention du public ayant pour nom L'Office de la Semaine Sainte, Quinzaine de Pâque(s) ou la Semaine Sainte, voire au XIXe siècle, des Manuels des Cérémonies.
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Le terme de ''Semaine sainte'' reste toutefois le plus fréquemment utilisé en raison de la sainteté des mystères dont on y fait la commémoration. Cette semaine-là clôt le cycle des 40 jours de Carême durant lesquelles le jeûne était de rigueur comme pour marquer le suprême effort de la pénitence chrétienne. L'Église catholique a atténué peu à peu la pratique du jeûne pour finalement disparaître il y a quelques années. Il subsiste encore des exigences de ce type dans la chrétienté orthodoxe (''xérophagie'').
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On retrouve dès le début du XVIII<sup>e</sup> siècle des ouvrages imprimés spécifiques à l'attention du public ayant pour nom ''L'Office de la Semaine Sainte'', ''Quinzaine de Pâque(s)'' ou la ''Semaine Sainte'', voire au XIX<sup>e</sup> siècle, des ''Manuels des Cérémonies''.
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Les cérémonies de la Semaine sainte suivent différents usages attachés à des traditions locales ou anciennes. Pour cette raison, des variantes ont subsisté dans le rituel avec une certaine résistance en France lors de la diffusion du cérémonial romain après le Concile de Trente. On ne peut donc être exhaustif sur le déroulement des cérémonies bien que, d'une manière générale, elles présentent un caractère bien plus homogène que dans les autres religions (cf. ch. suivant).
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Pour exposer le déroulement de l'Office des Ténèbres, deux ouvrages serviront de fil conducteur. Il s'agit de l'ouvrage ayant pour titre ''Offices de l'Eglise suivant le rit romain'' , dans son édition de 1857, pour illustrer les lectures dites au cours des matines, et de l'ouvrage intitulé Cérémonial selon le rit romain du R.P. Le Vavasseur  qui se situe à la même date et qui est lié au mouvement de retour à la liturgie romaine (Parisis et al ~1839). Il s'agit là d'un choix, tant sur la date que sur l'auteur, destiné surtout plus à éclairer le lecteur sur les pratiques habituelles qu'à faire un historique de l'évolution des cérémoniaux. Le Vavasseur nous fait part dans son introduction du succès rencontré par cette 1<sup>ère</sup> édition pourtant limitée au seul diocèse de Langres, mais vite propagée dans les autres diocèses, et des réimpressions successives : en 1850 avec 3 000 exemplaires, en 1854 avec 4 000 exemplaires, puis 6 000 lors de la 4<sup>ème</sup> édition.
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Es cérémonies de la Semaine sainte suivent différents usages attachés à des traditions locales ou anciennes. Pour cette raison, des variantes ont subsisté dans le rituel avec une certaine résistance en France lors de la diffusion du cérémonial romain après le Concile de Trente. On ne peut donc être exhaustif sur le déroulement des cérémonies bien que, d'une manière générale, elles présentent un caractère bien plus homogène que dans les autres religions (cf. ch. suivant).
 
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Pour exposer le déroulement de l'Office des Ténèbres, deux ouvrages serviront de fil conducteur. Il s'agit de l'ouvrage ayant pour titre Offices de l'Eglise suivant le rit romain , dans son édition de 1857, pour illustrer les lectures dites au cours des matines, et de l'ouvrage intitulé Cérémonial selon le rit romain du R.P. Le Vavasseur  qui se situe à la même date et qui est lié au mouvement de retour à la liturgie romaine (Parisis et al ~1839). Il s'agit là d'un choix, tant sur la date que sur l'auteur, destiné surtout plus à éclairer le lecteur sur les pratiques habituelles qu'à faire un historique de l'évolution des cérémoniaux. Le Vavasseur nous fait part dans son introduction du succès rencontré par cette 1ère édition pourtant limitée au seul diocèse de Langres, mais vite propagée dans les autres diocèses, et des réimpressions successives : en 1850 avec 3 000 exemplaires, en 1854 avec 4 000 exemplaires, puis 6 000 lors de la 4ème édition.
 
Le déroulement de ce cérémonial  correspond à ceux exposés, toujours partiellement, au cours des siècles précédents dans d'autres ouvrages liturgiques.
Le déroulement de ce cérémonial  correspond à ceux exposés, toujours partiellement, au cours des siècles précédents dans d'autres ouvrages liturgiques.
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Si les versets utilisés pour les Leçons des Ténèbres n'étaient pas fixés jusqu'au Concile de Trente (1545-1563), ils ont ensuite été restrictivement choisis dans le but d'unifier davantage le rituel romain dans tous les pays. Le Breviarum Romanum de 1568 a réglé dès lors la distribution des textes. Les analyses réalisées à ce jour relèvent qu'ils ont mis un certain temps à être propagés ou adoptés par l'ensemble des diocèses du monde catholique , la dissémination à cette époque n'ayant rien voir avec ce que l'on connaît aujourd'hui.
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Chaque office repose sur un principe de trilogie rappelant la doctrine trinitaire (Père, Fils et Saint-Esprit), donc trois jours (sacrum triduum), trois nocturnes par jour, trois antiennes au début de chaque nocturne, chacune suivie d'un psaume (donc trois psaumes) et trois leçons par nocturne suivies pour chacune d'elles d'un répons (donc trois répons). Les Matines sont toujours suivies des Laudes. Comme on le verra plus loin, le Miserere clôture le Benedictus qui suit les Laudes.
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Si les versets utilisés pour les ''Leçons des Ténèbres'' n'étaient pas fixés jusqu'au Concile de Trente (1545-1563), ils ont ensuite été restrictivement choisis dans le but d'unifier davantage le rituel romain dans tous les pays. Le ''Breviarum Romanum'' de 1568 a réglé dès lors la distribution des textes. Les analyses réalisées à ce jour relèvent qu'ils ont mis un certain temps à être propagés ou adoptés par l'ensemble des diocèses du monde catholique , la dissémination à cette époque n'ayant rien voir avec ce que l'on connaît aujourd'hui.
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Seules les leçons du 1er nocturne de chaque jour du Triduum ont été mises en musique. Par contre, les 27 répons ont fait l'objet d'une composition musicale. Rien ne dit que des répons pouvaient être chantés en polyphonie à la suite de leçons également chantées en polyphonie. Il semble que le rythme de l'alternance leçon/répons, plain-chant/polyphonie ou polyphonie/plain-chant, ait prévalu.
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La présence des symboles est persévérante tout au long des trois jours du Triduum sacrum. Le cérémonial du R.P. Le Vavasseur vise tout particulièrement dans l'article Ier de l'Office des Ténèbres, les Objets à préparer. L'église et l'autel pourront être décorés de la même manière que le dimanche précédent, mais un peu plus simplement ; aux Ténèbres du Vendredi et du Samedi saint, qui se disent la veille, l'autel est entièrement nu, ainsi que les degrés et le pavé.
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Chaque office repose sur un principe de trilogie rappelant la doctrine trinitaire (Père, Fils et Saint-Esprit), donc trois jours (''sacrum triduum''), trois nocturnes par jour, trois antiennes au début de chaque nocturne, chacune suivie d'un psaume (donc trois psaumes) et trois leçons par nocturne suivies pour chacune d'elles d'un répons (donc trois répons). Les Matines sont toujours suivies des Laudes. Comme on le verra plus loin, le ''Miserere'' clôture le ''Benedictus'' qui suit les Laudes.
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Seules les leçons du 1<sup>er</sup> nocturne de chaque jour du ''Triduum'' ont été mises en musique. Par contre, les 27 répons ont fait l'objet d'une composition musicale. Rien ne dit que des répons pouvaient être chantés en polyphonie à la suite de leçons également chantées en polyphonie. Il semble que le rythme de l'alternance leçon/répons, plain-chant/polyphonie ou polyphonie/plain-chant, ait prévalu.
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== Les objets à préparer ==
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La présence des symboles est persévérante tout au long des trois jours du ''Triduum sacrum''. Le cérémonial du R.P. Le Vavasseur vise tout particulièrement dans l'article I<sup>er</sup> de l'Office des Ténèbres, les '''Objets à préparer'''. L'église et l'autel pourront être décorés de la même manière que le dimanche précédent, mais un peu plus simplement ; aux Ténèbres du Vendredi et du Samedi saint, qui se disent la veille, l'autel est entièrement nu, ainsi que les degrés et le pavé.
2. Les cierges de l'autel seront de cire jaune.
2. Les cierges de l'autel seront de cire jaune.
3. Si le saint Sacrement est dans le tabernacle, on le porte à un autre autel avant le commencement de l'Office.
3. Si le saint Sacrement est dans le tabernacle, on le porte à un autre autel avant le commencement de l'Office.

Version du 28 juin 2010 à 14:18

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