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De Lamentations de Jérémie.
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La didascalie catholique
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Les Offices des Ténèbres durant lesquels sont récitées et/ou chantées les Lamentations de Jérémie font l'objet d'une mise en espace stricte consigné dans un cérémoniaire. Cette sorte de didascalie théâtrale est le rituel catholique qui a longuement évolué au cours de son histoire depuis la naissance de l'Eglise romaine. A son début, empreint d'un certain mystère retranché avec l'utilisation de la langue latine, ce rituel a constamment évolué avec à la fois des retours à la tradition ou à la source et des avancées audacieuses. Cette tendance est très fortement accentuée au cours de la deuxième moitié du XX<sup>e</sup> siècle mais qui n'est que l'aboutissement logique d'une tendance amorcée au cours des siècles précédents. Cet ouvrage n'a pas pour objectif de relater cette lente puis rapide évolution mais, pour bien comprendre et surtout replacer les ''Lamentations de Jérémie'' dans leur contexte et dans le cycle du ''Sacrum Triduum'', les 3 jours saints avant Pâques, il a semblé nécessaire de révéler l'ensemble de la cérémonie, ou tout au moins, ce qui se rencontre le plus fréquemment. == Le cérémonial de la Semaine Sainte == Les offices de la Semaine Sainte ont toujours eu une place particulièrement privilégiée dans la liturgie romaine : c'est le sommet de l'année liturgique chrétienne, Noël se situant seulement en seconde position. Leur célébration remonte dès les premiers siècles. On en trouve trace dans les plus vieux bréviaires du IX<sup>e</sup> siècle (''Tenebrae'') avec de fortes raisons de croire qu'ils étaient déjà célébrés dès le VI<sup>e</sup> siècle car les connaissances actuelles laissent présumer que c'était déjà l'usage à Rome précédemment. Le premier cérémonial jamais édité a été rédigé par le maître des cérémonies Agostino Patrizi Piccolomini, évêque de Pienza et Montalcino, en 1485 sur ordre du pape Innocent VII, celui-ci lui remettant 8 anciens livres pour l'aider dans son travail de synthèse et de rédaction. Il s'agit d'un document manuscrit appelé ''Pontificalis Ordinis liber ''que Cristoforo Marcello fit imprimer en 1516 à Venise avec pour titre'' Rituum ecclesiaticorum sive sacrarum cærimoniarum S.E.R. libri tres''. On ne reviendra pas sur les critiques formulées à l'occasion de cette 1<sup>ère</sup> édition qui prévalut jusqu'aux réformes de Paul VI avec quelques entorses locales avérées ici ou là au cours de la période baroque. Donc peu de remarques pour la période postérieure à 1488 en matière de liturgie papale sinon qu'en 1604, le pape autorise la prolongation des offices diurnes de la liturgie de la Semaine Sainte jusque tard dans la nuit. Dans son ouvrage ''L'Office de la Semaine Sainte selon le Messel & Breviaire Romain'', M. de Marolles rapporte que les cérémonies se déroulent ''en trois jours parce que Nôtre-Seigneur en employa autant, soit en ses travaux, ou en sa sepulture, ou bien à consoler ses Apostres merveilleusement travaillez pour ce sujet. Que si l'Eglise commence dés ce jour, où l'on dit au soir Matines du Jeudy, c'est parce que le Samedy estoit autrefois employé au Mystere de la Resurrection qui arriva la nuit suivante''. Le ''Triduum Sacrum'' a été également appelé les ''jours de lamentations'' (Dictionnaire de Trévoux, 1743). Au XX<sup>e</sup> siècle, les manuels de la ''Semaine Sainte '' précisent qu'elle s'appelait autrefois la ''Semaine peineuse'', ou pénible (''pœnosa'') en souvenir des souffrances endurées par le Christ pour le salut du genre humain, de ''Semaine d'indulgence'', parce que l'on y recevait la pénitence, et les Pères de l'Eglise, notamment saint Jean Chrysostome dans une de ses Homélies, lui ont donné le nom de ''Grande Semaine''. Ils reprennent en cela l'appellation déjà mentionnée en 1878 par l'Abbé Houssaye . L'ouvrage collectif de ''La Semaine Sainte à Rome '' mentionne d'autres termes comme la ''Semaine d'indulgence parce qu'on y recevait les pêcheurs à la pénitence'' , ou ''Hebdomada xeorphagieæ '' car pour la dernière semaine du carême on devait redoubler de sévérité dans le jeûne, et cite volontiers Tertullien qui les appelle ''Dies quibus oblatus est sponsus, Les jours auxquels l'Epoux a été immolé'' . Le terme de ''Semaine sainte'' reste toutefois le plus fréquemment utilisé en raison de la sainteté des mystères dont on y fait la commémoration. Cette semaine-là clôt le cycle des 40 jours de Carême durant lesquelles le jeûne était de rigueur comme pour marquer le suprême effort de la pénitence chrétienne. L'Église catholique a atténué peu à peu la pratique du jeûne pour finalement disparaître il y a quelques années. Il subsiste encore des exigences de ce type dans la chrétienté orthodoxe (''xérophagie''). On retrouve dès le début du XVIII<sup>e</sup> siècle des ouvrages imprimés spécifiques à l'attention du public ayant pour nom ''L'Office de la Semaine Sainte'', ''Quinzaine de Pâque(s)'' ou la ''Semaine Sainte'', voire au XIX<sup>e</sup> siècle, des ''Manuels des Cérémonies''. Les cérémonies de la Semaine sainte suivent différents usages attachés à des traditions locales ou anciennes. Pour cette raison, des variantes ont subsisté dans le rituel avec une certaine résistance en France lors de la diffusion du cérémonial romain après le Concile de Trente. On ne peut donc être exhaustif sur le déroulement des cérémonies bien que, d'une manière générale, elles présentent un caractère bien plus homogène que dans les autres religions (cf. ch. suivant). Pour exposer le déroulement de l'Office des Ténèbres, deux ouvrages serviront de fil conducteur. Il s'agit de l'ouvrage ayant pour titre ''Offices de l'Eglise suivant le rit romain'' , dans son édition de 1857, pour illustrer les lectures dites au cours des matines, et de l'ouvrage intitulé Cérémonial selon le rit romain du R.P. Le Vavasseur qui se situe à la même date et qui est lié au mouvement de retour à la liturgie romaine (Parisis et al ~1839). Il s'agit là d'un choix, tant sur la date que sur l'auteur, destiné surtout plus à éclairer le lecteur sur les pratiques habituelles qu'à faire un historique de l'évolution des cérémoniaux. Le Vavasseur nous fait part dans son introduction du succès rencontré par cette 1<sup>ère</sup> édition pourtant limitée au seul diocèse de Langres, mais vite propagée dans les autres diocèses, et des réimpressions successives : en 1850 avec 3 000 exemplaires, en 1854 avec 4 000 exemplaires, puis 6 000 lors de la 4<sup>ème</sup> édition. Le déroulement de ce cérémonial correspond à ceux exposés, toujours partiellement, au cours des siècles précédents dans d'autres ouvrages liturgiques. Si les versets utilisés pour les ''Leçons des Ténèbres'' n'étaient pas fixés jusqu'au Concile de Trente (1545-1563), ils ont ensuite été restrictivement choisis dans le but d'unifier davantage le rituel romain dans tous les pays. Le ''Breviarum Romanum'' de 1568 a réglé dès lors la distribution des textes. Les analyses réalisées à ce jour relèvent qu'ils ont mis un certain temps à être propagés ou adoptés par l'ensemble des diocèses du monde catholique , la dissémination à cette époque n'ayant rien voir avec ce que l'on connaît aujourd'hui. Chaque office repose sur un principe de trilogie rappelant la doctrine trinitaire (Père, Fils et Saint-Esprit), donc trois jours (''sacrum triduum''), trois nocturnes par jour, trois antiennes au début de chaque nocturne, chacune suivie d'un psaume (donc trois psaumes) et trois leçons par nocturne suivies pour chacune d'elles d'un répons (donc trois répons). Les Matines sont toujours suivies des Laudes. Comme on le verra plus loin, le ''Miserere'' clôture le ''Benedictus'' qui suit les Laudes. Seules les leçons du 1<sup>er</sup> nocturne de chaque jour du ''Triduum'' ont été mises en musique. Par contre, les 27 répons ont fait l'objet d'une composition musicale. Rien ne dit que des répons pouvaient être chantés en polyphonie à la suite de leçons également chantées en polyphonie. Il semble que le rythme de l'alternance leçon/répons, plain-chant/polyphonie ou polyphonie/plain-chant, ait prévalu. == Les objets à préparer == La présence des symboles est persévérante tout au long des trois jours du ''Triduum sacrum''. Le cérémonial du R.P. Le Vavasseur vise tout particulièrement dans l'article I<sup>er</sup> de l'Office des Ténèbres, les '''Objets à préparer'''. ''L'église et l'autel pourront être décorés de la même manière que le dimanche précédent, mais un peu plus simplement ; aux Ténèbres du Vendredi et du Samedi saint, qui se disent la veille, l'autel est entièrement nu, ainsi que les degrés et le pavé.'' ''2. Les cierges de l'autel seront de cire jaune.'' ''3. Si le saint Sacrement est dans le tabernacle, on le porte à un autre autel avant le commencement de l'Office.'' ''4. On place du côté de l'épître un chandelier triangulaire disposé de manière à pouvoir supporter quinze cierges de cire jaune du poids d'une livre ou environ, et qu'on allume en même temps que les cierges de l'autel ; auprès de ce chandelier on met un éteignoir. '' ''5. Au milieu du chœur ou ailleurs, suivant l'usage, on met un pupitre nu pour chanter les leçons.'' ''Les dispositions pour bien assister au chœur'' (Le Vavasseur) sont à la fois intérieures (pureté d'intention, attention et dévotion) et extérieures (propreté, gravité, modestie et prévoyance de ce qu'on doit faire). == Disposition du choeur == Il existait généralement deux dispositions du chœur suivant que l'autel est adossé au fond de l'édifice, le chœur étant situé entre l'autel et la nef, ou au milieu du chœur, le chœur se trouvant entre l'autel et le fond de l'édifice (voir les deux schémas ci-dessous). Dans les deux cas, l'officiant tourne le dos à la nef. Lorsque l'autel se trouve au fond du chœur, le Supérieur de l'église se place à la stalle ''1'' du côté de l'évangile et ainsi de suite suivant leur importance. Le Célébrant en chape ''P'' est à la banquette ''G'' du côté de l'épître entre les deux premiers Chapiers ''A'' et ''B'' et les autres Chapiers ''C, D, E'' et ''F'' aux deux banquettes ''M'' et ''N''. Les stalles '''S''' concernent les Clercs et les Séminaristes, les stalles ''O'', les chantres et les places ''o'' pour les enfants de chœur. Cet ordre prend en compte la division des membres du clergé en plusieurs ordres. [[Image:Didascalie 1.jpg|center|400px|]] [[Image:Didascalie 2.jpg|center|400px|]] Lorsque l'autel, tourné vers la nef, est situé entre le chœur et la nef, le Supérieur de l'église est placé au centre ''1'' des stalles au fond, le plus digne après lui, à sa droite, le suivant à sa gauche, et ainsi de suite. Pas de changement pour le reste de la disposition. Il existe également un 3<sup>ème</sup> cas moins courant au XVII<sup>e</sup> qui concerne le placement de l'autel, tourné du côté du chœur, entre le chœur et la nef, l'officiant faisant face à la nef. {| align="center" border="0" cellspacing="20" style="background-color:#FCFFE5" |Ces dispositions sont celles relevées au XVI<sup>e</sup> siècle. Il y a eu une très grande évolution entre l'Église primitive jusqu'au IX<sup>e</sup> siècle, le christianisme s'étant développé dans des contextes culturels complémentaires, synagogues, monde oriental et empire romain, celle des XI<sup>e</sup> et XII<sup>e</sup> siècles, le type de lieux de culte différaient suivant qu'il s'agissait d'une basilique ou d'un édifice à plan centré par exemple, celle du XIII<sup>e</sup> au XVII<sup>e</sup> siècles, la conduite vers des dérives comme la mise en place de jubés, de retables, etc., pour une meilleure visibilité, et celle que nous connaissons depuis Vatican II, avec un rapprochement des fidèles auprès de l'autel. |} En Angleterre, les bâtiments sont construits en longueur et non en forme de croix latine comme sur le continent. Les Chapelles sont séparées en deux parties comprenant une ''Ante-Chapel'' pour l'assemblée et un Choir, séparé par un jubé. Le chœur est donc très long et les stalles disposés à droite et à gauche. Ainsi disposé, le Choir est séparé en deux groupes sensiblement égaux qui se font face. Les psalmodies ou les double-chœurs peuvent être encore plus perceptiblement distingués. === Disposition du ''Choir'' === Les Cantoris sont les chanteurs disposés au nord et les Decanis, au sud . Chaque Choir a son treble soliste, le Headchorister. A Rome, comme dans beaucoup d'églises et cathédrales hispano-américaines d'ailleurs, le chœur est disposé à l'intérieur d'une aire délimitée par une sorte d'enceinte rectangulaire au centre de la nef. Les ambons accrochés de part et d'autre de cette enceinte servent aux chantres et lecteurs. En Espagne, on trouve souvent aussi à l'intérieur de ce chœur deux orgues en vis-à-vis. L'article II du cérémonial du R.P. Le Vavasseur concerne l'Office des Ténèbres proprement dit qui se déroule comme suit. L'ordre des lectures liturgiques, réglé par le Breviarum Romanum de 1568, est retracé ci-dessous mais, si le texte des lamentations est repris intégralement, les antiennes et psaumes sont seulement rappelés. Cette présentation permet de resituer ainsi l'ensemble de la liturgie dans son contexte. Signalons tout de suite que l'orthographe et la ponctuation des textes ont été respectées. 6. L'heure de l'Office arrivée, on allume les cierges de l'autel et ceux du chandelier triangulaire ; et, si le clergé se rend au chœur avec l'Officiant, les plus dignes marchent les premiers, ainsi qu'il a été dit pour les Matines, p. 343. Tout le monde étant arrivé au chœur, on se met à genoux et on dit Aperi ; puis on se lève et on dit à voix basse Pater, Ave, Credo. 7. Au signe donné par le premier du Chœur, les Chantres entonnent la première antienne . Quand elle est finie, ils entonnent le psaume, et tous s'asseyent et se couvrent. Jeudi Saint – A Matines Pater noster, Ave Maria, Credo Au I er nocturne Antienne : Zelus domus tuæ Psaume 68. Salvum me fac, Deus Antienne : Zelus Antienne : Avertantur retrorsum Psaume 69 : Deus meus, eripe me Antienne : Avertantur Antienne : Deus meus, eripe me Psaume 70 : In te, Domine, speravi Antienne : Deus meus, eripe me Pater noster 8. NOTA. A la fin des psaumes, on ne dit pas Gloria Patri, mais on répète immédiatement l'antienne. Selon Isidore Goschler, cela traduit la situation de l'homme qui, dans son ingratitude, refusa au Sauveur le respect qui lui était dû, et l'accabla d'outrages de toute espèce. 9. Après le premier psaume, le Clerc désigné éteint le dernier cierge du côté de l'évangile qui se trouve sur le chandelier triangulaire. A la fin du second psaume, il éteint le premier du côté de l'épître, et ainsi de suite à la fin de chaque psaume, ne laissant allumé que le cierge du milieu. 10. Lorsqu'on a répété la troisième antienne et chanté le verset qui suit, le Chœur se lève et dit tout bas Pater noster. Le Pater fini, le Chœur s'assied et se couvre. On observe la même chose à la fin de chaque nocturne. 11a. Les leçons se chantent à un pupitre, comme il a été dit n° 5. Pendant qu'on répète l'antienne, le Cérémoniaire va inviter, par une simple inclination, celui qui doit chanter la première lamentation ; il se met à sa gauche, et le conduit devant le pupitre des leçons. Ils font tous deux, en arrivant, la génuflexion à la croix et le salut au Chœur ; puis le Lecteur chante la lamentation, sans demander la bénédiction et sans dire Tu autem Domine, miserere nobis, à la fin. Leçon I. Lament. Jerem., c.1. [versets 1:1 à 5] Incipit lamentatio Jeremiæ Prophetæ Aleph Quomodo sedit sola civitas plena populo facta est quasi vidua domina gentium princeps provinciarum facta est sub tributo. Beth. Plorans ploravit in nocte et lacrimæ eius in maxillis eius non est qui consoletur eam ex omnibus caris eius omnes amici eius spreverunt eam et facti sunt ei inimici. Ghimel. Migravit Iuda propter ad flictionem et multitudinem servitutis habitavit inter gentes nec invenit requiem omnes persecutores eius adprehenderunt eam inter angustias. Daleth. Viæ Sion lugent eo quod non sint qui veniant ad sollemnitatem omnes portæ eius destructæ sacerdotes eius gementes virgines eius squalidæ et ipsa oppressa amaritudine. He. Facti sunt hostes eius in capite inimici illius locupletati sunt quia Dominus locutus est super eam propter multitudinem iniquitatum eius parvuli eius ducti sunt captivi ante faciem tribulantis. Jerusalem, Jerusalem, convertere ad Dominum Deum tuum Répons : In monte Oliveti oravit 11b. La leçon finie, il fait de nouveau la génuflexion et le salut au Chœur, conjointement avec le Cérémoniaire ; celui-ci l'accompagne ensuite à sa place, et après l'avoir salué, il retourne au pupitre ou ailleurs, jusqu'à ce qu'on ait chanté le répons et son verset. 11c. Lorsqu'on reprend la réclame, il va avertir celui qui doit chanter la seconde leçon, et fait tout ce qui est prescrit pour la première. Il fait de même pour les autres leçons. NB – Lorsqu'un prélat est présent, il se lève pour l'absolution avant les leçons, et demeure debout pour donner la bénédiction à celui qui doit chanter la première leçon de chaque nocturne ; pour donner les autres bénédictions, il demeure assis. Leçon II. [versets 1:6 à 9] Vau. Et egressus est a filia Sion omnis decor eius facti sunt principes eius velut arietes non invenientes pascuam et abierunt absque fortitudine ante faciem subsequentis. Zaïn. Recordata est Hierusalem dierum adflictionis suæ et praevaricationis omnium desiderabilium suorum quæ habuerat a diebus antiquis cum caderet populus eius in manu hostili et non esset auxiliator viderunt eam hostes et deriserunt sabbata eius. Heth. Peccatum peccavit Hierusalem propterea instabilis facta est omnes qui glorificabant eam spreverunt illam quia viderunt ignominiam eius ipsa autem gemens et conversa retrorsum. Teth. Sordes eius in pedibus eius nec recordata est finis sui deposita est vehementer non habens consolatorem vide Domine adflictionem meam quoniam erectus est inimicus. Jerusalem Répons : Tristis est anima mea Leçon III [versets 1:10 à 14] Iod. Manum suam misit hostis ad omnia desiderabilia eius quia vidit gentes ingressas sanctuarium suum de quibus præceperas ne intrarent in ecclesiam tuam. Caph. Omnis populus eius gemens et quærens panem dederunt pretiosa quæque pro cibo ad refocilandam animam vide Domine considera quoniam facta sum vili. Lamed. O vos omnes qui transitis per viam adtendite et videte si est dolor sicut dolor meus quoniam vindemiavit me ut locutus est Dominus in die iræ furoris sui. Mem. De excelso misit ignem in ossibus meis et erudivit me expandit rete pedibus meis convertit me retrorsum posuit me desolatam tota die mærore confectam. Nun. Vigilavit iugum iniquitatum mearum in manu eius convolutæ sunt et inpositæ collo meo infirmata est virtus mea dedit me Dominus in manu de qua non potero surgere. Jerusalem Répons : Ecce vidimus eum Au IIe nocturne Antienne : Liberavit Dominus Psaume 71. Deus, judicium tuum Antienne : Liberavit Dominus Antienne : Cogitaverunt impii Psaume 72 : Quam bonus Israel Antienne : Cogitaverunt impii Antienne : Exurge, Domine Psaume 73 : Ut quid, Deus Antienne : Exurge, Domine Pater noster Ex Tractatu Sancti Augustini Episcopi Super Psalmos (in Psalm. 54, ad 1 versum) Leçon IV. Exaudi, Deus, orationem meam Répons : Amicus meus Leçon V. Utinam ergo Répons : Judas mercator pessimus Leçon VI. Quoniam vidi iniquitatem Répons : Unus ex discipulis Au IIIe nocturne Antienne : Dixit iniquis Psaume 74. Confitebimur tibi, Deus Antienne : Dixit iniquis Antienne : Terra tremuit Psaume 75 : Notus in Judæa Deus Antienne : Terra tremuit Antienne : In die tribulationis meæ Psaume 76 : Voce mea ad Dominum clamavi Antienne : In die tribulationis meæ Pater noster De Epistola Prima Beati Pauli Apostoli ad Corinthios Leçon VII. Chap. 11. Hoc autem præcipio Répons : Eram quasi agnus innocens Leçon VIII. Ego enim accepi a Domino Répons : Una hora non potuistis Leçon IX. Itaque quicumque manducaverit Répons : Seniores populi Laudes Antienne : Justificeris, Domine Psaume 50. Miserere mei, Deus Antienne : Justificeris, Domine Antienne : Dominus tanquam ovis Psaume 89. Domine, refugium Antienne : Dominus tanquam ovis Antienne : Contritum est Psaume 62. Deus, Deus meus Psaume 66. Deus misereatur Antienne : Contritum est Antienne : Exhortatus es Cantique de Moïse Antienne : Exhortatus es Antienne : Oblatus est Psaume 148. Laudate Dominum de cœlis Psaume 149. Cantate Domino canticum Psaume 150. Laudate Dominum Antienne : Oblatus est 12. A la fin des Laudes, lorsqu'on entonne le cantique Benedictus, tout le monde se lève. Au verset Ut sine timore, le Clerc désigné vient au bas des degrés, fait la génuflexion, monte à l'autel, et va éteindre le cierge qui se trouve le plus éloigné de la croix du côté de l'évangile ; au verset In sanctitate, il se rend au côté de l'épître, faisant en passant la génuflexion à la croix ; puis, à chaque verset du cantique, il éteint de même les autres cierges de chaque côté alternativement, de manière qu'à la fin ils soient tous éteints. On éteint aussi toutes les lumières qui sont dans l'église, à l'exception de la lampe qui brûle devant le très-saint Sacrement. Benedictus Antienne : Traditor autem Cantique. Benedictus Dominus Antienne : Traditor autem Christus factus est Pater noster Psaume 50. Miserere mei, Deus Oraison : Respice, quæsumus, Dominus 13. Pendant la répétition de l'antienne, le Cérémoniaire, ou le Clerc désigné, prend au sommet du chandelier triangulaire le cierge qui reste allumé, puis il se rend près de l'autel, au coin de l'épître, où il le tient caché derrière l'autel ou de quelque autre manière. 14. Lorsqu'on commence Christus factus est, tout le monde se met à genoux ; ensuite on dit à voix basse Pater noster, puis le Chœur psalmodie le psaume Miserere mei, Deus. 15. Le psaume fini, l'Officiant , à genoux, la tête un peu inclinée, récite à voix haute l'oraison Respice, jusqu'à Qui tecum inclusivement. La conclusion se dit à voix basse. 16. L'oraison terminée, le Cérémoniaire frappe de la main sur son banc ou son livre, et tous les autres se mettent à faire un peu de bruit de la même manière jusqu'au moment où le Clerc qui tient le cierge caché le fait paraître. Alors tout bruit doit cesser, et le Clergé se retire dans le même ordre qu'il est venu. Le même cérémonial se répète pour les deux jours suivants. Vendredi Saint – A Matines Pater noster, Ave Maria, Credo Au I er nocturne Antienne : Astiterunt reges terræ Psaume 2. Quare fremuerunt gentes Antienne : Astiterunt reges terræ Antienne : Diviserunt sibi Psaume 21 : Deus, Deus meus, respice in me Antienne : Diviserunt sibi Antienne : Insurrexerunt in me Psaume 26 : Dominus illuminatio mea Antienne : Insurrexerunt in me Pater noster Leçon I. Lament. Jerem., c.2 & 3 [versets 2:8 à 11] De lamentatione Jeremiæ Prophetæ Heth. Cogitavit Dominus dissipare murum filiæ Sion tetendit funiculum suum et non avertit manum suam a perditione luxitque antemurale et murus pariter dissipatus est. Teth. Defixæ sunt in terra portæ eius perdidit et contrivit vectes eius regem eius et principes eius in gentibus non est lex et prophetæ eius non invenerunt visionem a Domino. Iod. Sederunt in terra conticuerunt senes filiæ Sion consperserunt cinere capita sua accincti sunt ciliciis abiecerunt in terra capita sua virgines Hierusalem. Caph. Defecerunt præ lacrimis oculi mei conturbata sunt viscera mea effusum est in terra iecur meum super contritione filiæ populi mei cum deficeret parvulus et lactans in plateis oppidi. Jerusalem Répons : Omnes amici mei Leçon II. [versets 2:12 à 15] Lamed. Matribus suis dixerunt ubi est triticum et vinum cum deficerent quasi vulnerati in plateis civitatis cum exhalarent animas suas in sinu matrum suarum. Mem. Cui conparabo te vel cui adsimilabo te filia Hierusalem cui exæquabo te et consolabor te virgo filia Sion magna enim velut mare contritio tua quis medebitur tui. Nun. Prophetæ tui viderunt tibi falsa et stulta nec aperiebant iniquitatem tuam ut te ad pænitentiam provocarent viderunt autem tibi adsumptiones falsas et eiectiones. Samech. Plauserunt super te manibus omnes transeuntes per viam sibilaverunt et moverunt caput suum super filiam Hierusalem hæcine est urbs dicentes perfecti decoris gaudium universæ terræ. Jerusalem Répons : Velum templi scissum est Leçon III. [versets 3:1 à 9] Aleph. Ego vir videns paupertatem meam in virga indignationis eius. Aleph. Me minavit et adduxit in tenebris et non in lucem. Aleph. Tamtum in me vertit et convertit manum suam tota die. Beth. Vetustam facit pellem meam et carnem meam contrivit ossa mea. Beth. Ædificavit in gyro meo et circumdedit me felle et labore. Beth. In tenebrosis collocavit me quasi mortuos sempiternos. Ghimel. Circumædificavit adversum me ut non egrediar adgravavit conpedem meam. Ghimel. Sed et cum clamavero et rogavero exclusit orationem meam. Ghimel. Conclusit vias meas lapidibus quadris semitas meas subvertit. Jerusalem Répons : Vinea mea electa Au IIe nocturne Antienne : Vim faciebant Psaume 37. Domine, ne in furore tuo arguas me Antienne : Vim faciebant Antienne : Confundantur et revereantur Psaume 39 : Expectans expectavi Dominum Antienne : Confundantur et revereantur Antienne : Alieni insurrexerunt in me Psaume 53 : Deus, in nomine tuo salvum me fac Antienne : Alieni insurrexerunt in me Pater noster Ex Tractatu Sancti Augustini Episcopi Super Psalmos (in Psalm. 63, ad vers. 3.) Leçon IV. Protexisti me, Deus Répons : Tanquam ad latronem existis Leçon V. Nostis qui conventus erat Répons : Tenebræ factæ sunt Leçon VI. Exacuerunt tanquam gladium linguas suas Répons : Animam meam dilectam tradidi Au IIIe nocturne Antienne : Ab insurgentibus in me Psaume 58. Eripe me de inimicis meis Antienne : Ab insurgentibus in me Antienne : Longe fecisti Psaume 87 : Domine Deus salutis meæ Antienne : Longe fecisti Antienne : Captabunt in animam justi Psaume 93 : Deus ultionum Dominus Antienne : Captabunt in animam justi Pater noster De Epistola Prima Beati Pauli Apostoli ad Hebræos Leçon VII. Chap. 4 et 5. Festinemus ingredi in illam requiem Répons : Tradiderunt me Leçon VIII. Adeamus ergo cum fiducia Répons : Jesum tradidit impius Leçon IX. Nec quisquam sumit sibi honorem Répons : Caligaverunt oculi mei Laudes Antienne : Proprio Filio suo Psaume 50. Miserere mei, Deus Antienne : Proprio Filio suo Antienne : Anxiatus est super me Psaume 142. Domine, exaudi Antienne : Anxiatus est super me Antienne : Ait latro ad latronem Psaume 62. Deus, Deus meus Psaume 66. Deus misereatur Antienne : Ait latro ad latronem Antienne : Cum conturbata fuerit Cantique d'Habacuc Antienne : Cum conturbata fuerit Antienne : Memento mei, Domine Psaume 148. Laudate Dominum de cœlis Psaume 149. Cantate Domino canticum Psaume 150. Laudate Dominum Antienne : Memento mei, Domine Benedictus Antienne : Posuerunt super caput ejus Cantique. Benedictus Dominus Antienne : Posuerunt super caput ejus Christus factus est Pater noster Psaume 50. Miserere mei, Deus Oraison : Respice, quæsumus, Dominus Samedi Saint – A Matines Pater noster, Ave Maria, Credo Au I er nocturne Antienne : In pace in idipsum Psaume 4. Cum invocarem, exaudivit me Antienne : In pace in idipsum Antienne : Habitabit in tabernaculo tuo Psaume 14. Domine, quis habitabit Antienne : Habitabit in tabernaculo tuo Antienne : Caro mea Psaume 15 : Conserva me, Domine Antienne : Caro mea Pater noster Leçon I. Lament. Jerem., c.3, 4 & 5 [versets 3:22 à 30] De lamentatione Jeremiæ Prophetæ Heth. Misericordiæ Domini quia non sumus consumpti quia non defecerunt miserationes eius. Heth. Novæ diluculo multa est fides tua. Heth. Pars mea Dominus dixit anima mea propterea expectabo eum. Theth. Bonus est Dominus sperantibus in eum animæ quaerenti illum. Theth. Bonum est præstolari cum silentio salutare Domini. Theth. Bonum est viro cum portaverit iugum ab adulescentia sua. Iod. Sedebit solitarius et tacebit quia levavit super se. Iod. Ponet in pulvere os suum si forte sit spes. Iod. Dabit percutienti se maxillam saturabitur obprobriis. Jerusalem Répons : Sicut ovis Leçon II. [versets 4:1 à 6] Aleph. Quomodo obscuratum est aurum mutatus est color optimus dispersi sunt lapides sanctuarii in capite omnium platearum. Beth. Filii Sion incliti et amicti auro primo quomodo reputati sunt in vasa testea opus manuum figuli. Ghimel. Sed et lamiæ nudaverunt mammam lactaverunt catulos suos filia populi mei crudelis quasi strutio in deserto. Daleth. Adhesit lingua lactantis ad palatum eius in siti parvuli petierunt panem et non erat qui frangeret eis. He. Qui vescebantur voluptuose interierunt in viis qui nutriebantur in croceis amplexati sunt stercora. Vau. Et maior effecta est iniquitas filiæ populi mei peccato Sodomorum quæ subversa est in momento et non ceperunt in ea manus. Jerusalem Répons : Jerusalem, surge Leçon III. [versets 5:1 à 11] Incipit Oratio Jeremiæ Prophetæ Recordare, Domine quid acciderit nobis intuere et respice obprobrium nostrum. Hæreditas nostra versa est ad alienos domus nostræ ad extraneos. Pupilli facti sumus absque patre matres nostræ quasi viduæ. Aquam nostram pecunia bibimus ligna nostra pretio conparavimus. Cercivibus minabamur lassis non dabatur requies. Ægypto dedimus manum et Assyriis ut saturaremur pane. Patres nostri peccaverunt et non sunt et nos iniquitates eorum portavimus. Servi dominati sunt nostri non fuit qui redimeret de manu eorum. In animabus nostris adferebamus panem nobis a facie gladii in deserto. Pellis nostra quasi clibanus exusta est a facie tempestatum famis. Mulieres in Sion humiliaverunt virgines in civitatibus Iuda. Jerusalem Répons : Plange quasi virgo Au IIe nocturne Antienne : Elevamini, portæ æternales Psaume 23. Domini est terra Antienne : Elevamini, portæ æternales Antienne : Credo videre Psaume 26 : Dominus illuminatio mea Antienne : Credo videre Antienne : Domine, abstraxisti Psaume 29 : Exaltabo te, Domine Antienne : Domine, abstraxisti Verset : Tu autem, Domine Répons : Et resuscita me Pater noster Ex Tractatu Sancti Augustini Episcopi Super Psalmos (in Psalm. 63, ad vers. 7.) Leçon IV. Accedet homo ad cor altum Répons : Recessit Pastor noster Leçon V. Quo perduxerunt illas Répons : O vos omnes Leçon VI. Posuerunt custodes milites Répons : Ecce quomodo moritur justus Au IIIe nocturne Antienne : Deus adjuvat me Psaume 53. Deus, in nomine tuo Antienne : Deus adjuvat me Antienne : In pace factus est Psaume 75 : Notus in Judæa Deus Antienne : In pace factus est Antienne : Factus sum Psaume 87 : Domine Deus salutis meæ Antienne : Factus sum Pater noster De Epistola Prima Beati Pauli Apostoli ad Hebræos Leçon VII. Chap. 9. Christus assistens Pontifex Répons : Astiterunt Reges terræ Leçon VIII. Et ideo novi Testamenti mediator est Répons : Æstimatus sum Leçon IX. Lecto enim omni mandato legis Répons : Sepulto Domino Laudes Antienne : O mors, ero mors tua Psaume 50. Miserere mei, Deus Antienne : O mors, ero mors tua Antienne : Plaugent eum Psaume 42. Judica me, Deus Antienne : Plaugent eum Antienne : Attendite, universi populi Psaume 62. Deus, Deus meus Psaume 66. Deus misereatur Antienne : Attendite, universi populi Antienne : A porta inferi Cantique d'Ezéchias Antienne : A porta inferi Antienne : O vos omnes Psaume 148. Laudate Dominum de cœlis Psaume 149. Cantate Domino canticum Psaume 150. Laudate Dominum Antienne : O vos omnes Benedictus Antienne : Mulieres sedentes Cantique. Benedictus Dominus Antienne : Mulieres sedentes Christus factus est Pater noster Psaume 50. Miserere mei, Deus Oraison : Respice, quæsumus, Dominus Le R. P. Dom Prosper Guéranger, abbé de Solesmes, rapporte dans L'année liturgique , que l'Église anticipe à la veille l'Office de nuit du lendemain, afin de donner au peuple chrétien une plus grande facilité d'y prendre part… Les fidèles doivent s'empresser d'assister à ce solennel office, autant que leurs occupations le leur permettent, puisque c'est pour eux-mêmes que l'Eglise en intervertit les heures. Une description du rite papal L A description Des Cérémonies de la Semaine Sainte Dans la Chapelle Pontificale (1818) de l'Abbé François Cancellieri explique, pour les "étrangers", le déroulement desdites cérémonies à Rome. Elle confirme le rituel décrit ci-dessus mais donne quelques explications supplémentaires que l'on pourra recouper avec celles données par Félix Mendelssohn qui semble avoir détenu un livret de ce type (voir ci-après). Le jour du Mercredy saint des Matines ou Ténèbres , pendant la nuit, qui précède le jeudi saint, et les deux autres suivantes, les premiers chretiens avaient coutume de réciter dans l'eglise, matines, les ténèbres, ou nocturnes. Dans certains endroits, on avait fixé cet office à la huitieme heure de la nuit, dans d'autres à minuit ou bien à cet espace de tems nécessaire pour le terminer de nuit. Maintenant l'église, pour condescendre à la foiblesse commune, et prévenir les desordres, qui s'étaient introduits pendant les veilles nocturnes, permet, qu'aujourd'hui, et les deux jours suivants, on le récite après midy ; cependant il a conservé le nom de nocturne ou de ténèbres parce que quoi qu'on le récite de jour, il finit cependant la nuit, et parce qu'on le considère comme un office de deuil, qui represente la mort du Redempteur. Outre les douze cierges de l'autel et de la balustrade, l'on place in cornu epistolæ le triangle composé de quinze, que le maître des Cérémonies éteint l'une après l'une après l'autre à la fin de chaque psaume […] L'eglise pendant ces trois jours ne presente que des scenes de deuil, aulieu des sacrifices de louange, elle n'en offre que de pleurs. C'est pour cela qu'elle ne commence pas l'office par la formule ordinaire, Domine labia mea aperies, pour chanter ses louanges, il n'y a point d'invitatoire, point de gloria patri ; aucun hymne, elle ne demande pas la bénédiction, ne lit point le capitule, elle termine les heures par une oraison humble, dans la quelle elle supplie Dieu de regarder d'un œil de misericorde ceux pour qui son fils souffre la mort. Les Card. arrivent en soutane et chape violette, et le pape en chape de drap d'or rouge, avec la mître d'argent, s'il ne porte la chape de serge rouge avec le Capuchon les deux plus anciens evêques la lui relevent par devant. Le premier haute-contre entonne l'antienne. Zelus, le choeur continuë, ainsi que le reste des matines, en plain-chant. On dit les psaumes lestement, et battus. Après le verset, le Pape se leve, et dit à demi voix pater noster, s'assied, on lui remet la mître ou le capuchon de la chape, et l'on commence les lamentations, de la composition de Greg. Alegri à quatre voix. Après le tendre intercalaire par le quel, sous l'allegorie de jerusalem, l'on invite les fideles à la conversion et à la pénitence, on chante les repons. La 2. et 3., sont en plain-chant. La composition de ces lamentations, est appelée Acrostiche, parce que les lettres initiales de chaque strophe, suivent l'ordre de l'Alphabet hebraïque Aleph, Beth, Ghimel ; mais comme dans la traduction latine, on ne pouvait conserver le même ordre, l'eglise a voulu que, chaque verset fut précedé de la lettre hebraïque, par la quelle ils commencoient anciennement, pour les leçons du 2. et 3. Nocturne, le dernier chantre, dit la premiere, l'avant dernier la 2, et successivement l'on continuë suivant cet ordre pendant les trois jours, les hautes-contre hebdomadiers avertissent les musiciens qui doivent dire les repons. Les tailles entonnent les antiennes, le plus ancien entonne celles de chaque matines, des laudes, du Benedictus, cantique célèbre, par le quel Zacharie, ayant recouvré, l'usage de la voix, chante, et bénit le Seigneur à qui il a plû de nous visiter, et nous rendre dignes de la Redemption. Au verset ut sine timore, le m. des cérémonies commence à éteindre les cierges de l'autel, et le Bédeau ceux de la balustrade, et l'on termine le dernier verset du Benedictus, lorsqu'on a éteint les deux derniers cierges de chaque côté, pour representer les ténèbres prodigieuses, qui, à la mort du Redempteur couvrirent toute la terre, et l'aveuglement funeste, et obstiné, dans le quel l'infortunée sinagogue abbandonnée de Dieu, est demeurée. Dans la Cathedrale de Pise, où les Rits sont differens, on éteint au même instant tous les cierges avec une eponge : et tous les assistans qui tienent à la main une bougie jaune, l'éteignent aussi en même tems. Deux tailles, des plus anciens répetent encore immediatement l'antienne, traditor autem, qui ne finit que lorsque le Pape étant descendu du trône va se mettre à génou devant le fauteuil peu de tems après l'on entonne Christus factus est. Lorsque le premier M. des cérémonies à fait signe que le Pape a fini de dire tout bas le pater noster, on commence le célèbre Miserere d'Allegri a deux chœurs et à quatre voix, il enchante, il ravit l'ame. Dans le D. Placido, Dialogue Du p. Juvenal Sacchi, où l'on recherche, si la musique est convenable, ou dangereuse à un Religieux ? Pise 1786., un philosophe qui connoit parfaitement la musique, dit, que pour le bien de son ame, lorsqu'il sera sur le point de la rendre a Dieu, il désirerait qu'on lui chantat le miserere de la chapelle papale. Cette composition est si surprenante, qu'elle inspire la contrition et la dévotion. Au dernier verset du psaume les deux choeurs s'unissent, et avec tous les musiciens, ils le finissent, piano, faisant diminuer peu-à-peu l'harmonie, qu'ils ne rehaussent qu'à la derniere parole. Le C.P. Guillaume de la valle, (Lett. sene. I. 72.) dit. Le font de ce beau miserere, que l'on chante la semaine sainte à Rome, correspond parfaitement au travail des musiciens ; sans le secours et le fracas des instrumens, avec une solide connaîssance du chant antique, ils conservent à la musique son ancienne simplicité. Quoique Jos. Santarelli confesse avec douleur, que, faute de bon style, le célèbre miserere d'Allegri quoique chanté par les plus fameux musiciens, à la cour de Leopold I. ne fit l'effet que d'un faux-bourdon tres-simple. Puis ensuite , il précise pour les matines des ténèbres du Jeudi saint que les Cardinaux se retiroient dans les appartemens, qui leur étaient destinés ; et lorsqu'ils étaient avertis par le dernier M. des cérémonies, ils reprenoient les chapes violettes, et sans la masse, ils passaient à la chapelle sistine, pour assister aux matines que l'on chantait, comme hier. Les Cardinaux qui n'étoient pas restés à diner, prenoient la chape violette, et précédés de la masse renversée, ils entroient dans la chapele. Si le Pape y assiste, il porte une chape de serge, ou de drap d'or rouge, le formale d'argent doré, la mître de dentelle d'argent. Le siège pontifical est degarni, et sans baldaquin, ceux des Cardinaux, des prélats, des généraux, des procureurs généraux, sont sans tapis. Les voiles du tableau de l'autel, et de la croix sont noirs, et les cierges de l'autel, et de la balustrade sont jaunes. La premiere lamentation à quatre voix en musique, est du palestrine ; une basse-taille entre au dernier verset jerusalem ; le miserere est ordinairement de Thomas Bai, à deux choeurs. Les mêmes cérémonies , se pratiquent avec beaucoup de grandeur, et de dignité, dans la chapelle du choeur de la Basilique du Vatican, où les lamentations, et le miserere, composés par les M. de musique de la chapelle, sont executés par le plus belles voix. Lors du jour suivant, l'on suit le même ordre que les autres jours ; la lamentation à quatre voix, est de la composition d'Allegri, un dessus entre au verset jerusalem. Le miserere à deux choeurs, est du même compositeur, l'on termine la fonction par l'oraison quæsumus Domine eo. L E Manuel des cérémonies de Léonard Olivieri réunit en un fascicule ce qu'on pourrait appelé une brève des cérémonies à Rome dans les années 1860. Les cérémonies ne sont pas décrites dans le détail mais des renseignements sur la musique interprétée au cours de la semaine sainte sont toujours intéressante à prendre dans la mesure où elles sont rares dans les documents qui sont parvenues à ce jour. C'est ainsi qu'on apprend ou qu'on confirme que la cérémonie débute à 22 h 30 le mercredi soir et à 21 h 30 le vendredi soir, et qu'elle est empreinte de la douleur où l'eglise est plongée, […] justement défini par cette belle expression italienne : uffizio di lutto, e come rappresentazioni dei funerali del Redentore, une fonction de deuil et comme la reproduction des funérailles du Rédempteur. On précise aussi qu'au cours du premier Nocturne du Mercredi saint, à la chapelle Sixtine, on chante la musique à quatre voix de Palestrina pour la première Lamentation de Jérémie et le plain-chant pour les deuxième et troisième Lamentations. Il en est de même le Jeudi saint . Ce ne sont pas des grandes révélations mais la rareté de la précision valait la peine de la divulguer. Ce manuel indique par ailleurs pour les Matines de cette même chapelle pour le Vendredi saint, que les trois nocturnes se chantent dans l'ordre indiqué pour les matines de la veille, à savoir Lamentation à quatre voix (sans autre précision mais il semble que ce soit encore de Palestrina) et, à la fin le Hyerusalem à cinq voix d'Allegri . A la Basilique Saint-Pierre de Rome, au cours des Matines du Jeudi saint, les Lamentations et le Miserere s'y disent en musique , mais sans précision de l'auteur. L E Cæremoniale Episcoporum de 1752 donne quelques indications quant au rôle de l'Evêque pour les Matines des ténèbres. Les renvois en bas de page, datées de 1960, sont de la main de Mgr Léon Gromier, cérémoniaire papal. 4. Du côté de l’épître , on place le chandelier triangulaire , conçu pour soutenir quinze cierges de cire commune , pesant chacun une livre ou environ, qui sont allumés en même temps que les [six] cierges de l’autel, également de cire commune, un peu avant la venue de l’évêque. 5. Après avoir fait ses prières habituelles, l’évêque, laissant traîner la queue de la cappa à terre [sans caudataire], monte à son trône. Il n’a alors aucun chanoine assistant, mais seulement quelques chapelains en cotta qui se tiennent autour de lui. S’il plaisait mieux à l’évêque de siéger au chœur, avec les chanoines, ce serait louable. 6. Étant demeuré un instant assis au trône, l’évêque se lève, tête découverte – tous se levant [avec lui] – et, en direction de l’autel, dit le Pater noster, l’Ave Maria et le Credo secrètement jusqu’à la fin. Alors il se couvre la tête du capuchon, et se tient ainsi jusqu’à ce que, à son signal, le chœur ait dit l’antienne Zelus domus tuæ, etc. L’antienne achevée et le premier psaume commencé, il s’assied, les chapelains arrangeant les bords de la cappa ; les chanoines et tous les autres s’assoient pareillement. 7. À la fin de chacun des psaumes, un cérémoniaire ou un chapelain, avec les révérences prescrites, se rend avec l’éteignoir au chandelier triangulaire. [D’abord] il en éteint le cierge placé à l’extrémité du côté de l’évangile ; puis, à la fin du second psaume, celui du côté opposé : il éteint ainsi [quatorze] cierges, alternativement des deux côtés, un par un, à la fin de chaque psaume tant du premier nocturne que des suivants et des Laudes. 8. Après le verset qui suit l’antienne à la fin du troisième psaume de chaque nocturne, l’évêque se lève tête découverte – tous se levant [pareillement] – et, le répons fini, dit secrètement Pater noster en totalité, comme précédemment ; cela fait, il s’assied, tête couverte, et tous s’assoient. 9. Alors, avec les révérences prescrites à l’autel et à l’évêque, les chantres se rendent au légile préparé au milieu du chœur, ou au lieu habituel selon les coutumes des églises, où ils chantent les Lamentations ; lorsqu’elles sont finies, ils se retirent, faisant les révérences à l’autel et à l’évêque. 10. Les leçons des second et troisième nocturnes sont chantées, selon l’usage de l’église, soit par les mêmes chantres, soit par des chanoines, en commençant par les moins anciens, chacun prenant une leçon. 11. Au Benedictus, l’évêque se lève, tête découverte, et tous se lèvent. Lorsqu’on dit le verset Ut sine timore, etc., un cérémoniaire ou un chapelain, avec l’éteignoir, éteint un des [six] cierges de l’autel à chaque verset, en commençant au coin de l’évangile, et en alternant [entre les côtés]. Pareillement, on éteint tous les autres luminaires dans l’église, s’il y en a, excepté devant le Très Saint Sacrement, en sorte que tout se trouve éteint à la fin du Benedictus. 12. Lorsqu’on répète l’antienne après le Benedictus, le cérémoniaire ou chapelain retire du chandelier triangulaire l’unique cierge resté allumé, placé au sommet du triangle, et, la main élevée, le tient au-dessus du coin de l’autel du côté de l’épître ; lorsqu’on commence Christus factus est pro nobis, etc., il le cache, allumé, derrière l’autel ou d’une autre manière. 13. Pendant la susdite répétition de l’antienne, l’évêque descend du trône ; lorsqu’on commence Christus factus est, etc., il s’agenouille au faldistoire préparé devant l’autel, tous se mettant à genoux. Ensuite, le chœur commence Pater Noster en silence ; puis le psaume Miserere mei, Deus, etc., chanté, mais d’une voix larmoyante . 14. Le psaume fini, l’évêque [demeurant] à genoux, et la tête un peu inclinée, récite à voix claire (soit sur le livre, soit de mémoire) l’oraison Respice, quæsumus, etc., jusqu’à [la conclusion] Qui tecum exclusivement, et l’achève secrètement. 15. L’oraison finie, un cérémoniaire fait un fracas ou bruit – le strepitum – en frappant de la main pendant un bref moment sur un banc ou sur un livre, et tous font pareillement jusqu’à ce que le [chapelain ou autre] cérémoniaire rapporte au milieu le susdit cierge allumé, qu’il avait caché : aussitôt [le cierge] reparu, tous doivent cesser de faire du bruit . 16. Le strepitum fini, l’évêque et tous se lèvent, et se retirent de la manière et dans l’ordre où ils sont venus. 17. On observe les mêmes choses aux Matines des ténèbres les deux jours suivants, sauf que l’autel, le trône de l’évêque, et tout le sanctuaire et le pavé [du chœur] sont complètement dépouillés ; on pourra toutefois employer un coussin [violet] au trône de l’évêque, s’il le désire. On veillera à ce que l’Office s’achève à une heure tardive , c’est-à-dire, le soleil couché. Les Jésuites avaient codifié le rituel religieux de la Semaine Sainte pour éviter certaines déviations. C'est ce que le R.P. Maggio, visiteur des collèges de la Compagnie, détermine très exactement dans un chapitre de son ouvrage Histoire de la Compagnie de Jésus intitulé Circa cantum sacelli : les trois lamentations seront chantées, ou à plusieurs voix sur une mélodie triste, avec les répons en chant grégorien, ou par un soliste en grégorien avec les répons en musique (ce qui pourra se faire aussi par les répons des leçons suivantes). Cet exposé était destiné au Collège de Clermont à Paris . L 'Édition 1935 du Manuel de liturgie et Cérémonial romain de Le Vavasseur, Haegy et Stercky n'apporte pas d'évolution significative au cérémonial romain présenté au siècle précédent par Le Vavasseur. On y retrouve l'ordre des antiennes et des psaumes ainsi que les leçons dont on précise qu'elles sont chantées devant le pupitre placé au milieu du chœur. Cependant, si c'est l'usage, celles du premier nocturne, c'est-à-dire les lamentations, peuvent être chantées par des Chantres, et de la place qu'ils occupent, même hors du chœur . Il est précisé toutefois en note, qu'aucun instrument de musique, pas même l'orgue ni l'harmonium, ne peut accompagner les lamentations, les répons et le Miserere ; la coutume contraire n'est pas tolérée . On pourrait multiplier à l'envi les extraits de cérémoniaires. Mais ces exemples sont suffisamment complets et explicites pour mieux comprendre le déroulement des Ténèbres. Bien entendu, il subsiste ça et là des particularités attachées à des coutumes locales ou à la persistance d'habitudes. Mais, dans l'ensemble, le fidèle catholique, en changeant de paroisse, de région ou de pays, n'est pas perdu dans le déroulement des cérémonies, que ce soit pour les Offices des Ténèbres que pour les autres, d'ailleurs.
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