Le chœur

De Lamentations de Jérémie.

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Cette énumération un peu sèche nous donne une idée de la composition de la Chapelle et de la Chambre du Roy Henri III qui comprenait à cette époque des chantres castrats.
Cette énumération un peu sèche nous donne une idée de la composition de la Chapelle et de la Chambre du Roy Henri III qui comprenait à cette époque des chantres castrats.
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Version du 20 juillet 2010 à 09:54

Rappelons tout de même, au passage, que le chœur des cathédrales était loin d'être vide comme on peut le constater aujourd'hui lorsque les stalles n'ont pas purement et simplement été éliminés après le Concile de Vatican II. Toutes les stalles et les sellettes étaient habitées jusqu'au moins la Révolution par des chanoines (76 à Chartres), des chapelains (30 à 40 à Chartres), des clercs de chœur (24 à Chartres), des marguilliers, clercs ou laïques (6 à Chartres) et des enfants de chœur (10 à Chartres).

Ils prient, mais avec une ferveur un peu inégale. Les chartreux ne se sont guère relâchés dans leurs oraisons. En beaucoup d'abbayes bénédictines, la déviation n'est pas trop sensible ; j'ai sous les yeux le tableau des offices de la grande abbaye de Saint-Vaast ; il comporte six heures de chœur, et il semble que jusqu'à la fin cette assiduité n'ait pas cessé. A l'inverse, en certaines maisons cisterciennes, la cloche persiste chaque nuit à convoquer les moines à l'office ; mais nul ne se lève plus .

Lorsque tout l'effectif est réuni, ce qui est souvent le cas dans les grandes occasions, les grands jours de fêtes doubles ou triples, il faut compter sur environ 160 personnes.

L'organisation du choeur, qui s'est mise en place progressivement au cours des siècles, est très stricte et très hiérarchisée et les exigences spirituelles requéraient une discipline respectueuse que le chœur en général, et le bas-chœur en particulier, ne respectait pas toujours. Les registres des cathédrales foisonnent d'exemples comme celui de Rennes qui paraît illustrer ce genre de considérations  : cependant les difficultés du Chapitre avec son bas-chœur récalcitrant ne diminuaient pas. Incidents, procès, querelles se succédaient. Le mardi 22 septembre 1722, par exemple, on donna lecture d'un arrêt de la Cour en date du 15 rendu sur requête du Trésorier. D'après ce document, qui fut affiché dans l'église, le bas-chœur devait obéir, se bien tenir, ne pas bavarder ni rire dans la première sacristie, etc. Cette mesure ne dut pas être bien efficace, car le Chapitre fut amené, le 14 novembre, à avertir et admonester les sieurs Aubert et de la Boucherie pour manque d'assiduité aux offices, surtout aux matines … Le 11 novembre 1738, le Chapitre convoqua les membres du bas-chœur, dont la mauvaise tenue continuait à être préoccupante. Il fut demandé à chacun d'observer le règlement suivant :

  1. ) chanter l'office plus lentement et plus distinctement ;
  2. ) être plus exact à se trouver au commencement de l'office ;
  3. ) ne point faire de bruit, causer ni rire dans le chœur ;

de ne point sortir du chœur sans une vraie nécessité, et quand on y entre et qu'on est obligé d'en sortir, de marcher plus posément et avec plus de gravité" .

Le même règlement fut rappelé le 2 mai 1740 et le 18 avril 1749, ce qui tendrait à prouver qu'on n'en avait pas fait grand cas. Il fut précisé encore, en 1740, qu'il fallait "se trouver exactement aux processions" et "y assister avec piété et modestie" . Et puis encore le 7 novembre 1757, le Chapitre exhortait le bas-chœur à se mieux tenir et à assurer le service divin avec plus de Piété . Rappel encore effectué le vendredi 10 février 1769, le bas-chœur était convoqué pour entendre un "avertissement" du sieur de Caqueray, archidiacre de Rennes. Celui-ci rappela en particulier les règlements de 1738, 1740 et 1765. Il ajouta qu'il était nécessaire de "garder un repos convenable" entre les versets afin de ne pas les commencer d'un côté alors qu'ils ne sont pas finis de l'autre. Les musiciens devaient, par ailleurs, être exacts à l'office, même aux petites heures. Quand ils sortaient du chœur, il leur fallait saluer Monsieur le Chantre et ses assistants, ainsi que le célébrant. On leur demandait également des "génuflexions entières" et il leur état défendu de faire du bruit, de bavarder, de rire, de prendre du tabac, de "s'envoyer la tabatière d'un côté à l'autre" ! Il était enfin précisé qu'ils devaient "estre dans des postures décentes" .

Un chanoine remplissait plusieurs fonctions dont l'un consistait bien entendu à chanter dans le chœur. Toutefois, au fil des ans, ce rôle a glissé progressivement vers les chantres comme le rappelle si bien Boileau dans Le lutrin :

Ah ! dormez, et laissez à des chantres vulgaires
Le soin d'aller sitôt mériter leurs salaires.
(Chant Quatrième)

Plusieurs ordonnances de Notre-Dame de Chartres nous fait découvrir la disposition du chœur depuis le XIIIe siècle. Elles statuent que les chanoines, prêtres et diacres, seraient dans les stalles supérieures, que les chanoines-sous-diacres occuperaient les stalles inférieures. Quant aux chanoines non in sacris, ils se tiendraient sur les basses formes ou sellettes, sièges qui étaient encore au-dessous de ces dernières stalles. C'est à côté de ceux-ci et sur les mêmes bancs que se plaçaient, dans un ordre, allant du jubé aux portes latérales, les marguilliers-clercs, les enfants de chœur et les chapelains ou prêtres habitués .

Mais d'une manière générale, le chantre gagé, clerc ou laïc, installé à la première stalle après le préchantre , ce dernier titulaire de la 1ère stalle après le doyen, a été déclassé pour rejoindre le bas-clergé, le prolétariat clérical ou se côtoient le sous-diacre, le paraphoniste , le sous-chantre , le concordant , le bas-chorier, auxquels les bénéficiers, également appelés Grands Vicaires, ou les prébendiers vivant dans l'oisiveté et la mollesse laissent le soin de louer Dieu .

Au fil du temps, d'un point de vue pratique mais aussi pour se distinguer des autres dignitaires ecclésiastiques, le terme chantre a subi toutes sortes de désinences suivant les diocèses, sous-chantre, sucentor, grand chantre, archichantre et praecentores par exemple, ou reçoit une autre désignation comme ceux indiqués ci-dessus ou Primicerii, Archiparaphonisti, Chorepiscopi, gagiste, machicot , capiscol , chantrerie , chorial , heurier et heurier matinier , psalte , etc. Ils avaient comme insigne le baculus cantoris au chœur. Á l'extérieur, leur pouvoir était considérable par le droit de surveillance sur les petites écoles et en faisaient de véritables directeurs d'enseignement primaire. Toutes ces appellations désignent tantôt la fonction dignitaire tantôt la fonction musicale. Dans certains chapitres, les deux fonctions se rejoignent.

Les enfants de chœur , également appelés clergeon à Lyon , chantonnot à Troyes , choriste ou coryphée au cours du XXe siècle, etc., sont une autre partie du chœur dont les membres sont regroupés dans des schola cantorum , des maîtrises , des psallettes , des manécanteries ou des chœurs . On signale les premières dès le VIIIe siècle . Plus tard, lorsque l'enfant de chœur mue, il peut évolue vers des fonctions cléricales comme celle d'acolyte , phénomène constaté très fréquemment en Espagne.

L'école romaine nous enseigne que les enfants de la Schola étaient placés sous la direction de quatre paraphonistæ ou chefs de chant, tous sous-diacres ; le premier portait le titre de primicerius ou de magister (on le trouve aussi désigné sous le nom de primus) ; puis venait le secundicerius, qui le remplaçait quand cela était nécessaire, et prenait sa succession ; les deux autres étaient simplement nommés tertius et quartus'.

Le titre de paraphonista était également donné aux enfants les plus habiles, tels que ceux qui exécutaient les soli de l'Alleluia, dirigés par un des quatre sous-diacres.

Le primicier était le directeur de l'enseignement et du chant. Il avait au-dessus de lui l'archicantor  ; ce personnage était l'abbé du monastère de Saint-Pierre, ou d'un autre monastère papal, depuis que saint Grégoire avait déchargé les diacres du soin du chant . Sur l'une des deux plaquettes du plat inférieur de la reliure du sacramentaire de Drogon, on a représenté un primicerius avec la main droite […] étendue et sa gauche abaissée : ce geste illustre une chironomie qui impulse le mouvement de la phrase chantée, la conduite de la voix, le ductus. Ce geste indiquait à la fois le rythme et les hauteurs, permettant aux chantres non seulement d'être ensemble mais aussi de se souvenir, puisqu'ils chantaient par cœur .

L'enseignement élémentaire apprend aux jeunes lecteurs à bien lire, marquer l'accent et chanter les leçons liturgiques ; les mélodies sont apprises par cœur .

Les enfants de chœur étaient plus ou moins bien supervisés par un maître de chœur, un maître de chant, un maître des enfants, un maître de chapelle ou un psallette , quelquefois un symphoniarque dont le rôle consistait à leur enseigner la musique et à la diriger dans le chœur. Il en existe toute une hiérarchie parmi laquelle on trouve aussi des sous-maîtres tenant le rôle de maître de grammaire comme à la cathédrale d'Angers, au XVe siècle, hypodidascalus ou subpraefectus - presbyter in grammaticalibus puerorum subpraefectus au XVIIe siècle.

Il existe fréquemment des noteurs ou notator (notaires  !) ou copistes de musique (Jean-Jacques Rousseau en était un célèbre) à une époque ou l'imprimerie était peu développée et les moyens de reproduction restreints.

En 1581, le Prince du Puy de musique érigé à Evreux fut assisté des chantres musiciens de la chapelle et chambre du Roy, qui chantèrent en l'église et au Puy. Sçavoir, est des sieurs de Beaulieu et s.r de Lauriny, bassecontres : Salmon, taille : Balifre, hautecontre : Bucérat, énucque, apte à la taille, hautecontre et dessus : et du s.r Mesme, aussy énucque et dessus : Du s.r Deliuet, cornet de Sa Ma.té et l'un des confrères : tous excellentz et vertueux personnages que led. Prince traicta par l'espace de sept iours en ced. lieu : et les défraya leurs gens et cheuaux venans de Paris et y retournans .

Cette énumération un peu sèche nous donne une idée de la composition de la Chapelle et de la Chambre du Roy Henri III qui comprenait à cette époque des chantres castrats.


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